L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
situations de travail. D’entrée de jeu, la profession infirmière suppose l’interaction de
dimensions cognitives, affectives, sociales et éthiques chez les soignants. Mais,
parallèlement à ces exigences premières, se sont greffées des problématiques
nouvelles qui accentuent encore cette complexité. Ainsi le monde du travail a
passablement évolué durant les dernières décennies. Celui de la santé n’est pas
épargné, loin s’en faut ! Les évolutions majeures sont liées, d’une part, aux nouveaux
modes de gestion qui imposent des structures différentes et des formes
d’organisation inédites impliquant des comportements en adéquation : flexibilité,
rapidité, rentabilité… Les nouvelles tarifications et le raccourcissement des durées de
séjour ont pour conséquence une intensification du travail lors des hospitalisations,
puisque des patients dépendants de soins complexes s’y trouvent pris en charge
simultanément (Sainsaulieu, 2003). Le secteur hospitalier est loin d’être le seul
concerné, l’ensemble des secteurs médicaux est atteint. D’autre part, les évolutions
sont également dues à l’aspect démographique du vieillissement de la population et
au fait que la population soignée, vieillissante, présente de plus en plus fréquemment
des polypathologies. Les patients cumulent souvent pathologies physiques et
psychiques qui nécessitent des soins invasifs et intensifs. La complexité est donc
double et c’est là la grande difficulté qu’expriment les soignants. Ils sont d’une part
astreints à une pratique toujours plus complexe de par les caractéristiques médicales
de leurs patients. Et, d’autre part, les injonctions d’efficience et les mesures qui les
accompagnent sont également génératrices de complexité pour le travail des
soignants. Cette complexité n’a de cesse d’augmenter à mesure que les réformes se
succèdent ; que les structures fusionnent, deviennent beaucoup plus grandes et
s’opacifient, que les outils et techniques se complexifient…
La pratique réflexive peut permettre de prendre de la distance vis-à-vis de tous ces
fonctionnements pour essayer de déjouer, en partie au moins, la complexité et de
l’apprivoiser. Mais, parce qu’elle ne saurait avoir la prétention de pouvoir changer
réellement les modes de fonctionnement d’une institution, elle est aussi et surtout
une aide personnelle. En effet, au travers de cette pratique, le soignant a la possibilité
de s’observer lui-même, en tant que sujet, au sein de cet univers professionnel (Vinje
& Mittelmark, 2006).
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