L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
alors pour mettre en évidence la nécessaire distance thérapeutique. Il est évoqué,
plus spécifiquement, lorsqu’il est question de la relation de soin avec des populations
« difficiles », telles que les personnes souffrant d’addictions ou de troubles
psychiques graves (T9, P8), mais aussi avec des populations auprès desquelles le
soignant s’engage peut-être davantage sur le plan affectif, comme les personnes
âgées ou les enfants (T4).
Plusieurs étudiantes regrettent que l’engagement émotionnel soit si peu objet
de cours et de réflexions (E1, E2). C’est un peu comme si l’engagement allait de soi,
« comme si ça faisait partie du cahier des charges et puis à nous de nous
débrouiller, entre guillemets (E7) », et, s’il n’y a pas de cours à ce sujet « on en a
encore moins sur les conséquences que ça pourrait avoir (E7) ». La mise en
mots de ce qu’est concrètement l’engagement pourrait constituer une clé pour
l’exercice professionnel (E13) et éviter des situations où, la routine prenant le dessus,
on pourrait se laisser aller à ne plus agir en professionnel (E13).
L’engagement doit bénéficier, en contrepartie, d’un temps dévolu à soi et à ses
ressources, qui puisse être l’exutoire du stress accumulé (E22).
Plusieurs étudiantes et enseignantes relèvent l’aspect délicat du sujet comme
objet d’enseignement (E1), celui-ci relevant plus d’une dynamique d’action que d’un
contenu théorique (E1) qui conserve toujours une part d’artificiel (E2). Une
enseignante fait remarquer que l’on ne peut pas imposer l’engagement à un jeune,
mais qu’on peut, en revanche, le rendre attentif à son importance et à la dynamique
qu’il génère pour le développement professionnel (T7). Intimement personnel, il est
aussi incarné différemment selon les individus, leur culture, leur éducation et leurs
expériences. Ainsi, une enseignante fait remarquer qu’il faut se garder de jugements
hâtifs sur un non-engagement apparent d’une étudiante. Celle-ci pouvant être très
engagée par sa seule « présence, dans la manière d’interagir… il peut y avoir
des étudiants très discrets sur le plan verbal, mais très présents (T1) ».
Cette même enseignante souligne aussi la nécessaire cohérence de l’enseignant
face aux étudiantes, à savoir l’adéquation entre ce qui est enseigné et ce que les
étudiantes peuvent voir de la manière dont l’enseignant vit son engagement
concrètement (T1).
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