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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE<br />

même réalité complexe, à l’image <strong>de</strong> l’anneau <strong>de</strong> Möbius (Malherbe, 2001). En effet,<br />

pour que l’autonomie puisse prétendre à sa pleine expression, elle doit être entourée<br />

<strong>de</strong> gar<strong>de</strong>-fous extrinsèques, qui peuvent sembler lui porter atteinte, mais qui<br />

permettent en réalité son plein épanouissement et sa protection. Protection d’autant<br />

plus capitale que la démarche inchoative et tâtonnante <strong>de</strong> l’autonomie implique cette<br />

exposition <strong>de</strong> soi à l’autre.<br />

Dans sa fonction et <strong>dans</strong> le positionnement qu’il est en droit d’adopter, le<br />

soignant est parfois appelé à s’autoriser une certaine « autonomie morale », c’est-à-<br />

dire une prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> ce que <strong>les</strong> normes sont relatives, et <strong>les</strong> actions plus ou<br />

moins dictées par <strong>les</strong> intérêts d’autres personnes. Se positionner exige d’assumer une<br />

pensée autonome et <strong>de</strong> tenir ferme face aux avis contraires. La pensée étant ici à<br />

rapprocher du verbe « penser » et <strong>de</strong> son origine latine « pensare », avec sa<br />

signification <strong>de</strong> « peser, examiner, évaluer ».<br />

L’autonomie réelle du soignant s’exprime <strong>dans</strong> sa capacité à se construire et<br />

s’épanouir au sein <strong>de</strong>s normes qui s’imposent à lui. Il peut adopter ces normes ou <strong>les</strong><br />

critiquer <strong>de</strong> façon constructive, afin <strong>de</strong> pouvoir ensuite <strong>les</strong> dépasser. C’est sa liberté<br />

qui l’autorise à cette inventivité, une liberté lui permettant d’échapper aux<br />

déterminations externes et internes. Or, pour ce faire, nous retrouvons l’idée <strong>de</strong><br />

Foucault du soin <strong>de</strong> soi, comme réflexion personnelle et fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> son i<strong>de</strong>ntité<br />

propre sur sa propre idée <strong>de</strong> la vie bonne et non sur <strong>de</strong>s normes externes.<br />

« C’est <strong>dans</strong> cette liberté conquise que s’inaugure finalement une<br />

responsabilité proprement morale, en ce sens que je peux alors<br />

véritablement inventer <strong>les</strong> rapports que j’entretiens avec autrui . »<br />

(Ambroise & Laugier, 2009, p.121).<br />

De toujours sujet que je suis, je tente d’être <strong>de</strong> moins en moins aveuglément<br />

assujetti pour <strong>de</strong>venir l’agent qui réalise ma propre subjectivité. Ainsi se comprend<br />

l’autonomie véritable. Elle n’a <strong>de</strong> valeur sociale réelle que si elle passe par la<br />

reconnaissance <strong>de</strong> l’autonomie et <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong> l’Autre. C’est ce qu’Habermas<br />

défend avec l’agir communicationnel et la dimension discursive <strong>dans</strong> laquelle doit<br />

s’exprimer pleinement la liberté <strong>de</strong> chacun autour du consensus et d’une sorte <strong>de</strong><br />

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