L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
(Svandra, 2009b). L’hôpital n’est-il pas le lieu par excellence où peut se vivre cette
relation dans sa forme la plus fondamentale ?
Face à toutes les maladies et toutes les déchéances, il s’agit de reconnaître
l’Autre comme un être humain singulier et digne d’être. La relation de soin nous
permet d’établir avec l’autre une relation qui l’inclut dans un réel concret. Ricœur
donne à cette tentative de relation établie, faite à la fois de raison et de sentiment, le
nom de sollicitude. Or Svandra met en évidence le fait que les termes sollicitude et
soin ont une origine étymologique issue du latin et très proche signifiant : souci,
trouble moral, inquiétude (Svandra, 2009b). En ce sens « avoir de la sollicitude »
pour quelqu’un, « c’est prendre soin » de lui, se faire du souci pour lui, se sentir
concerné par sa situation. La sollicitude représente l’engagement incarné dans
l’éthique du care.
Au travers de la sollicitude, le soignant peut rechercher la proximité du patient
nécessaire à la relation thérapeutique, tout en gardant la distance nécessaire et
bénéfique. La sollicitude va au-delà de la compassion qui est certes nécessaire mais
ne saurait circonscrire l’ensemble des besoins. Il en est de même de la pitié qui nous
projette davantage sur notre propre difficulté à comprendre et envisager la
souffrance de l’autre. Les vertus de respect et de dignité convoquent un certaine
notion de distance, tandis que la notion de sollicitude comporte davantage l’idée
d’un élan qui nous porte vers l’Autre et nous en rapproche. Il y a une dynamique
d’échange et la communication n’est pas en sens unique (Ricœur, 1990).
Le soin doit donc comporter des éléments de sympathie, de compassion, de
pitié mais ne saurait s’y référer uniquement sous peine de tomber dans une
contingence toute humaine et subjective. La déontologie est là pour préserver un
cadre distanciel indispensable et rappeler les règles de la profession soignante, en
dehors des sentiments. Le risque serait de penser sa responsabilité personnelle en
fonction de motifs subjectifs, tels que la sympathie ou l’intérêt. La déontologie est
aussi là pour prévenir ce genre de dérive. Même avec les meilleures intentions du
monde, l’homme reste naturellement enclin à avoir plus de sympathie pour ceux qui
lui sont proches. D’ailleurs étymologiquement, sympathie (sun-pathos) est
l’équivalent du latin compassion (cum-patior). Ces deux termes ont pris néanmoins
une dimension sémantique différente (Svandra, 2009b).
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