L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
Certes la dimension humaniste est toujours présente, mais semble bien
assujettie aux dimensions pratiques et techniques.
Les données probantes ont en soi des aspects tout à fait positifs. Néanmoins,
dès lors qu’elles deviennent prépondérantes et que, par une procédure
réductionniste, elles servent à définir la profession, cette dernière perd sa substance
vitale dont l’axe central reste la personne humaine. La normalisation des
comportements porte directement atteinte au sens de l’activité. La technique
conjuguée à la charge administrative qualifiée de procédurite et de prescriptophrénie
par De Gaulejac (2011), prend de plus en plus le pas sur l’activité soignante et
l’important n’est plus tant la qualité du soin et de la relation établie que « la
capacité à traduire son action en variables et à les codifier…» (De Gaulejac,
2011, p.177) pour les entrer dans les feuilles de suivi et d’évaluation de la dotation.
L’ingérence de la pensée économique est omniprésente.
Que ce soit dans le monde de la pratique, tout comme dans celui de la
formation, on observe d’ailleurs des glissements sémantiques intéressants. Ainsi la
valeur au sens éthique du terme devient valeur marchande, le patient ou l’étudiante
se transforment en clients, le soin s’apparente à une prestation et les soignants des
prestataires, le savoir se réduit à un produit et l’engagement n’est plus à considérer
comme engagement par conviction, mais comme engagement par intérêt, en vue
d’un résultat. Loin d’être anodins, ces détournements sémantiques appréhendent,
selon Supiot (2010, p.142)
« les personnes comme des choses et substituent aux catégories
juridiques des manières de penser importées de la physique ou de la
biologie ».
Le champ de tension dans lequel évoluent professionnels et étudiants, entre
leur idéal et les modalités d’exercice est donc bien présent et c’est déjà le monde de la
formation qui doit être attentif à ne pas se laisser assujettir par la pensée moderne
d’une société où l’économie règne en autorité suprême, et qui veut lui imposer ses
lois et lui dicter ses attentes.
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