30.06.2013 Views

L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES<br />

générations. Les jeunes semblent tout aussi engagés que leurs aînés, mais le focus a<br />

peut-être changé. Le moteur <strong>de</strong> l’engagement n’est plus l’institution mais la relation<br />

au patient. Dans <strong>les</strong> motivations à l’engagement, cette relation du soignant au soigné,<br />

c’est–à-dire du soignant à celui qui est en position <strong>de</strong> vulnérabilité et qui a besoin<br />

d’ai<strong>de</strong>, occupe une place absolument prépondérante. On ne peut qu’être frappés <strong>de</strong>s<br />

efforts consentis à la dimension relationnelle. Les étudiantes sont souvent prêtes à<br />

tout donner au détriment <strong>de</strong> leur propre personne (T9). La compassion et la<br />

sollicitu<strong>de</strong>, qui émanent particulièrement <strong>de</strong>s propos <strong>de</strong>s apprenantes, interpellent<br />

par leur récurrence. L’engagement s’exprime chez ces jeunes gens <strong>de</strong> manière<br />

préférentielle <strong>dans</strong> une action autonome et <strong>dans</strong> le rapport confinitaire d’une relation<br />

duale, aux dépens <strong>de</strong> la dimension communautaire d’adhésion à la profession. En<br />

cela, nos observations rejoignent très précisément l’analyse <strong>de</strong> Bobineau (2010a) pour<br />

qui l’engagement a effectivement évolué vers un espace relationnel plus restreint, et<br />

où chacun y trouve un possible intérêt ou en tire quelque bénéfice, par exemple en<br />

termes <strong>de</strong> reconnaissance. Cette tendance explique également le développement très<br />

prégnant du concept <strong>de</strong> sollicitu<strong>de</strong>, que Ricœur considère comme une forme <strong>de</strong> trait<br />

d’union entre alter et ego, une forme <strong>de</strong> pont entre celui qui est à la fois i<strong>de</strong>ntique et<br />

différent (Ricœur, 1990). Svandra (2009a) met en évi<strong>de</strong>nce une étymologie i<strong>de</strong>ntique<br />

<strong>de</strong> ce terme avec celle du mot soin, le mot latin sollicitudo signifiant « souci, trouble<br />

moral, inquiétu<strong>de</strong> ». La particularité <strong>de</strong> ce concept, à la différence <strong>de</strong> la compassion,<br />

est <strong>de</strong> caractériser une empathie envers le soigné qui n’exclut pas d’emblée une<br />

forme <strong>de</strong> réciprocité, mais au contraire l’encourage (Gros, 2007). Et on note<br />

effectivement l’importance <strong>de</strong> la reconnaissance comme forme <strong>de</strong> gain, accessible au<br />

soignant <strong>dans</strong> sa relation au soigné. Comme l’explique une étudiante, « c’est tout le<br />

côté relationnel… qui apporte vraiment énormément… (E3) », et cela confirme<br />

la thèse <strong>de</strong> Nuttin (2000, p.182) lorsqu’il affirme qu’en s’occupant <strong>de</strong> son prochain,<br />

l’individu « contribue le plus souvent à son propre épanouissement ». La<br />

reconnaissance joue un rôle que nous avions sous-estimé en examinant la<br />

problématique <strong>de</strong> l’engagement. Force dynamisante extrêmement puissante, son<br />

absence est en revanche vectrice d’une démotivation importante (Schaufeli &<br />

Salanova, 2012).<br />

492

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!