L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
Elle ne regrette toutefois pas ce choix et les derniers stages, en particulier en milieu
aigu, lui ont apporté beaucoup de satisfaction.
De sa personne l’étudiante nous livre très peu, sinon qu’elle n’a comme hobby
que de rares activités au club de ski et son travail d’aide-soignante en home (maison
de personnes âgées), ainsi que sa famille.
Nous rencontrons une étudiante très préoccupée par les patients, leur bien-être
et leur sécurité. Elle présente une caractéristique d’engagement intense, comme son
langage l’indique puisqu’elle affirme, à cinq reprises « se donner à fond ». On
retrouve ce don absolu de sa personne dans sa définition de l’engagement :
« (L’engagement) c’est… c’est tout donner dans son métier, c’est un peu fort
ce que je dis, c’est donner son énergie, c’est mettre à contribution tout c e que
l’on a pour mettre dans son métier. Quand on va faire notre journée de
travail, on ressort, on est vidé, c’est ça pour moi être engagée dans quelque
chose ». L’entier de la personne est sacrifié sur l’autel de l’engagement qui implique
un positionnement puisque « quand on est engagé, on se positionne ». Cet
engagement revêt un caractère absolu qui la conduit à s’investir intensément, au
détriment de sa vie sociale : « dans mon dernier stage j’ai fait beaucoup d’heures
supplémentaires, donc quand tu re ssors, t’es vidée et puis c’est vrai qu’après
je ne ressortais pas plus loin… » et de ses forces psychiques : « … j’en avais
marre, j’en pouvais plus ». L’engagement semble ici conduire à un épuisement
physique complet.
Le sentiment d’utilité donne un sens à son activité et motive son engagement,
par exemple au service des personnes âgées dans le home pour lequel elle travaille
un week-end sur deux. La reconnaissance de ces personnes pour qui « on est un
peu plus que des soignants » génère de la motivation et un sentiment de
responsabilité qui entraîne l’investissement. Celui-ci est d’autant plus gratifiant que
la qualité relationnelle à la personne âgée est encore préservée par la taille modeste
de l’institution, ainsi que sa bonne dotation en personnel. Notre étudiante se fait
néanmoins du souci quant à un devenir professionnel qui voit cette qualité de prise
en charge diminuer inéluctablement. Préoccupation majorée encore par la crainte
bien consciente de ne pas savoir poser de limites, de ne pas être à même d’affirmer
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