L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
20.3.2 Sixième entretien : deuxième enseignant (T15)
Notre deuxième enseignant est âgé de 54 ans. À l’origine instituteur, il se trouve
dans ses premières années de pratique toujours à nouveau confronté à ses limites
dans sa volonté de venir en aide aux enfants en difficulté. Il se rend rapidement
compte que la bonne volonté ne suffit pas et que, une fois les limites de la pathologie
atteintes, il est nécessaire d’avoir d’autres compétences pour aider ces enfants à
progresser. Il choisit donc à ce moment-là de s’orienter vers la formation d’infirmier
en psychiatrie, puisque à l’époque les cursus sont encore séparés : psychiatrie, soins
généraux ou pédiatriques.
Après plusieurs années de pratique, il rejoint le corps enseignant, afin de
continuer à développer des connaissances et à en faire profiter d’autres, plus jeunes,
qui, selon son espérance, prendront le relais pour faire avancer et reconnaître la
profession.
Selon son expression, la formation des jeunes constitue le « prétexte »
permettant d’écrire le texte véritable, à savoir la connaissance de soi au service de
l’humanité.
Il se rend compte alors que cet accompagnement à la connaissance de soi
demande un champ de connaissances très vaste, qui ne saurait se résumer à « tenir la
main » d’une personne, ce qui le conduit vers une formation plus spécifique.
Il y a, selon notre interlocuteur, un champ de tension important dans la
formation soignante, qui se focalise autour de la dichotomie entre la connaissance en
tant que telle et la connaissance de soi. Les deux sont maintenues divisées, alors
qu’elles sont indissociables, la connaissance générale s’incarnant au travers de la
connaissance de soi. Ces lacunes dans le processus de connaissance de soi ont des
conséquences directes sur l’engagement qui en constitue, selon lui, le fondement.
Dans la dimension d’engagement, notre enseignant cite l’empathie comme étant
une fragilité ou une vulnérabilité, à même cependant de devenir une véritable force
motrice d’engagement, à partir du moment où justement ce travail sur soi permet de
transformer la faiblesse en force et d’en faire émerger une ressource. De fait, la
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