L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
L’enjeu est important car, sans être en accord avec ce que l’on fait et ses valeurs,
il n’est pas possible d’être professionnel (E2). Or les valeurs sont le fondement même
de l’engagement (E11) : « il n’y a pas d’engagement sans valeur (T11) ». Le
devoir ne saurait les occulter totalement et l’engagement ne pourrait être pérenne,
« c’est pas un vrai engagement. (C’est) un engagement qui va s’arrêter à un
moment donné, qui va avoir ses limites, qui est pas authentique, qui n’est pas
sincère. Alors, pour moi, un engagement, de toute façon, il doit se faire avec
les valeurs de la personne », « je ne peux pas m’engager si ce n’est pas en
fonction de mes valeurs (P2) ». Un engagement solidement ancré sur des valeurs
partagées devient, en revanche, gage de bien-être au travail comme en témoigne une
professionnelle qui explique que, dans son équipe, il n’y a pas eu de départ
d’infirmière depuis plus de neuf ans (à l’exception d’un départ en retraite). Le secret
de cette équipe : « on va tous dans le même sens quoi ! (P9).
19.2.3 Éthique et souci de soi
Si l’engagement est fonction des valeurs, comme l’exprime la praticienne
mentionnée ci-dessus (P2), cela suppose presque d’avoir mené une réflexion aux
sujet de ses valeurs, dans la mesure où il y a des répercussions dans l’agir du
professionnel : « le fait de se connaître soi-même, c’est aussi connaître ses
valeurs à mon avis, et puis c’est de pouvoir l’identifier comme dans notre
activité professionnelle, ce qu’on fait, ce que l’on doit dire parfois, ce que l’on
doit réfléchir aussi, comment on doit réfléchir, ça nous permet de dire,… voilà,
ce n’est pas en adéquation avec moi -même… (P8)». Une étudiante remarque,
perplexe, que finalement « c’est bête mais on se connaît pas vraiment. On sait
pas jusqu’où on peut aller, jusqu’où on peut supporter les choses. Pis des fois
où l’on remarque que c’est trop, c’est déjà trop tard (E16) ».
Un danger à ce manque de connaissance de soi est sous-entendu ici. Il est
certainement intimement lié également à la nature même de la profession soignante,
dans la mesure où les soins infirmiers ne sauraient se penser dans un univers
aseptisé de tout sentiment. Bien au contraire, c’est un domaine où la confrontation
avec les limites de la vie est quotidienne. On peut tenter d’imaginer un peu la
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