30.06.2013 Views

L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE<br />

8.2 Engagement et autonomie<br />

Si l’engagement est à la fois à l’origine <strong>de</strong> la responsabilité, quand bien même il<br />

en est aussi une conséquence, il ne saurait s’exprimer réellement sans être véhiculé<br />

par une démarche autonome.<br />

L’autonomie, considérée comme le fait <strong>de</strong> se donner à soi-même ses propres lois,<br />

ses règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> conduite, l’orientation <strong>de</strong> ses actes, fait partie <strong>de</strong> ces valeurs très en<br />

vogue <strong>dans</strong> notre société. Alors que, selon le principe d’hétéronomie, l’objet donne à<br />

la volonté la loi par son rapport à elle, en revanche, lorsque l’on parle d’autonomie,<br />

on évoque la mise en balance <strong>de</strong>s souhaits ou <strong>de</strong>s désirs d’un côté, avec <strong>de</strong> l’autre<br />

une réflexion critique, guidée par <strong>de</strong>s principes d’action rationnels, permettant<br />

d’évaluer le <strong>de</strong>gré d’acceptabilité <strong>de</strong> ces souhaits et <strong>de</strong> ces désirs. Dans le milieu<br />

médical, on établit <strong>les</strong> projets <strong>de</strong> <strong>soins</strong> en visant la plus gran<strong>de</strong> autonomie possible<br />

du côté du patient. Il s’agit <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si, le plus souvent, on ne confond pas<br />

autonomie et indépendance. En effet permettre à une personne <strong>de</strong> retrouver la<br />

capacité <strong>de</strong> se vêtir ou <strong>de</strong> se mouvoir sans ai<strong>de</strong> relève <strong>de</strong> l’indépendance et non <strong>de</strong><br />

l’autonomie. La question <strong>de</strong> savoir si le patient reste maître <strong>de</strong> ses choix <strong>de</strong>meure<br />

entière. En effet, même si l’intention est sans doute là initialement, le système très<br />

paternaliste du fonctionnement hospitalier comporte <strong>de</strong>s dimensions affectives et<br />

cognitives qui induisent <strong>de</strong>s comportements inconscients, tant <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s acteurs<br />

du soin que <strong>de</strong>s patients eux-mêmes en termes <strong>de</strong> domination et <strong>de</strong> soumission<br />

(Jouan & Laugier, 2009).<br />

Nous restons très influencés par la compréhension kantienne du concept<br />

d’autonomie et il y a lieu <strong>de</strong> dépasser <strong>les</strong> « fragments <strong>de</strong> ce mythe philosophique »<br />

pour s’ouvrir à une compréhension renouvelée (Jouan & Laugier, 2009, p.6). Selon<br />

Kant, en effet, « l’autonomie tend à être conçue comme une intériorisation <strong>de</strong>s<br />

contraintes socia<strong>les</strong>, et c’est la généralité <strong>de</strong> ces contraintes qui rend possible<br />

une intégration <strong>de</strong>s désirs sous la double forme d’une éducation et d’une<br />

soumission <strong>de</strong>s désirs. » (Geay, 2009, p.256). Le tout est soumis à une volonté qui<br />

se doit d’être bonne. Le <strong>de</strong>voir, en qualité d’injonction avec son caractère impératif,<br />

n’est rendu nécessaire que parce que la volonté n’est pas d’emblée toujours bonne et<br />

que <strong>les</strong> désirs naturels pourraient avoir le <strong>de</strong>ssus. L’acte moral se résume alors à <strong>de</strong>s<br />

maximes universalisab<strong>les</strong> qui en signent aussi le formalisme. Et Gaziaux <strong>de</strong> préciser<br />

184

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!