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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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professionnel.<br />

DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE<br />

Dans ce processus d’engagement, le soignant habite le rôle clé <strong>de</strong> l’acteur.<br />

L’éthique, en tant que réflexion sur l’agir, commence <strong>dans</strong> un premier temps par<br />

l’interroger personnellement, elle interroge son implication <strong>dans</strong> <strong>les</strong> situations<br />

rencontrées. L’éthique est trop largement perçue comme un outil <strong>de</strong> réflexion sur <strong>de</strong>s<br />

situations présentant <strong>de</strong>s conflits <strong>de</strong> valeurs, au détriment <strong>de</strong> l’agir au quotidien, qui<br />

s’en trouve ainsi lésé, alors que « tout acte est porté par <strong>de</strong>s valeurs ou peut être<br />

analysé au nom <strong>de</strong>s valeurs » (Houssaye, 1999, p.231).<br />

Dans la pratique institutionnelle, l’éthique ne se distingue <strong>de</strong> la morale que<br />

difficilement pour porter son regard sur <strong>les</strong> aléas du « Bien » <strong>dans</strong> le concret d’une<br />

situation. Mais ne considérer l’éthique que sous cet angle, c’est occulter la part<br />

essentielle d’introspection à laquelle elle convie en examinant <strong>les</strong> valeurs<br />

personnel<strong>les</strong>, ce qui motive <strong>les</strong> pensées et <strong>les</strong> actes du soignant, et par là même, son<br />

engagement auprès du patient. Il ne s’agit pas ici d’une introspection narcissique,<br />

mais d’une nécessaire prise en compte <strong>de</strong>s be<strong>soins</strong> personnels du soignant,<br />

ingrédients significatifs pour sa motivation et son engagement.<br />

Nier <strong>les</strong> be<strong>soins</strong> <strong>de</strong> la personne qui soigne, c’est nier qu’il est nécessaire pour<br />

elle <strong>de</strong> percevoir un certain bien-être pour pouvoir donner <strong>de</strong>s <strong>soins</strong> <strong>de</strong> qualité et<br />

s’impliquer pleinement <strong>dans</strong> son exercice quotidien, mais également <strong>dans</strong> sa<br />

profession, et par là même se construire une véritable i<strong>de</strong>ntité professionnelle. Déjà<br />

<strong>les</strong> philosophes <strong>de</strong> l’Antiquité affirmaient que le soin <strong>de</strong> l’Autre passe avant tout par<br />

le soin <strong>de</strong> soi, considérant que l’on ne pouvait réellement prendre soin <strong>de</strong>s autres <strong>de</strong><br />

manière adéquate que si l’on avait au préalable trouvé son propre équilibre (Gros,<br />

2007). Ricœur (1990) explique également que la possibilité <strong>de</strong> s’ouvrir à l’Autre <strong>dans</strong><br />

une objectivité <strong>de</strong> l’altérité ne peut exister que <strong>dans</strong> la mesure où l’on s’ouvre à soi-<br />

même d’abord, <strong>dans</strong> une démarche d’introspection. Et Arendt nous rappelle<br />

également que la pensée commence d’abord à dialoguer avec elle-même avant <strong>de</strong><br />

s’ouvrir à l’autre (Arendt, 1973). L’intersubjectivité et l’authenticité qui marquent<br />

notre rencontre avec l’Autre présupposent une introspection et une réflexion éthique<br />

préalable. « La connaissance <strong>de</strong> soi est une conditi on <strong>de</strong> la rencontre avec<br />

l’Autre. » (Gohier, 2007, p.11). C’est l’approfondissement <strong>de</strong>s pô<strong>les</strong> « Je » et « Tu »,<br />

dont parle Ricœur (1990), qui requiert ici toute notre attention. L’éthique se veut le<br />

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