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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE<br />

mé<strong>de</strong>cine scientifique qui semblait avoir creusé un fossé infranchissable. Le patient<br />

semblait alors réduit à être le terrain sur lequel se livre le combat héroïque du<br />

mé<strong>de</strong>cin contre la maladie (Dallaire, 2008).<br />

C’est essentiellement contre ce paternalisme que la bioéthique a systématisé<br />

l’exigence d’autonomie du patient, d’abord sous la forme d’une défense plus ferme<br />

<strong>de</strong> l’exigence du consentement volontaire <strong>de</strong>s sujets face à la recherche, puis face aux<br />

interventions chirurgica<strong>les</strong> et puis, enfin, face à tout traitement médical. Telle qu’elle<br />

est opératoire en bioéthique, la notion d’autonomie recouvre <strong>de</strong>ux famil<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

notions relativement distinctes, même si toutes <strong>de</strong>ux trouvent leur origine commune<br />

<strong>dans</strong> la philosophie <strong>de</strong> Kant.<br />

La mé<strong>de</strong>cine a parfois tendance à mettre <strong>de</strong> côté l’autonomie du patient.<br />

Comme son étymologie l’indique, cette autonomie représente la capacité <strong>de</strong> l’homme<br />

à se donner lui-même <strong>les</strong> normes <strong>de</strong> son comportement, à effectuer <strong>de</strong>s choix selon sa<br />

nature la plus profon<strong>de</strong>. Ainsi le patient reste libre d’accepter ou non le traitement<br />

proposé.<br />

Le <strong>de</strong>uxième volet <strong>de</strong> la notion d’autonomie est sa fonction <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la<br />

dignité spécifique <strong>de</strong> l’humain. Même largement diminuée par la maladie ou le<br />

handicap, le fait <strong>de</strong> conserver l’empreinte d’une autonomie est la marque <strong>de</strong> la<br />

dignité <strong>de</strong> la personne humaine et le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> ses droits essentiels.<br />

À noter que nous retrouverons souvent <strong>dans</strong> ce cadre la tension entre <strong>les</strong><br />

principes <strong>de</strong> bienfaisance et <strong>de</strong> non-maléficience issus <strong>de</strong> la déontologie<br />

traditionnelle avec le principe d’autonomie. Ce couple <strong>de</strong> contraires tendanciels<br />

reflète bien la tension que nous avons relevée <strong>dans</strong> notre historique sur l’évolution <strong>de</strong><br />

la pensée éthique. C’est la tension entre <strong>de</strong>ux positions philosophiques souvent<br />

considérées comme antinomiques : l’utilitarisme et la morale du <strong>de</strong>voir.<br />

C’est la tension quasi constante qui marque notre politique <strong>de</strong> santé entre le<br />

bien public et <strong>les</strong> véritab<strong>les</strong> intérêts <strong>de</strong>s personnes (Besanceney, 1991, p.20).<br />

Le progrès médical est parfois érigé en héros et fait <strong>de</strong> l’ombre à la dimension<br />

du soin et à la menace qui pèse sur sa dimension éthique. Mais c’est oublier quel est<br />

son objet premier, car en fin <strong>de</strong> compte, sans l’éthique, la mé<strong>de</strong>cine scientifique est<br />

vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa substance que constitue purement et simplement l’humain.<br />

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