L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
relativement à nous. Dès lors, si c’est ainsi que toute connaissance
réussit à remplir son office en gardant en vue le milieu et en œuvrant
dans sa direction (…) et si de leur côté, les bons artisans, comme nous
le disons, l’ont en point de mire lorsqu’ils travaillent, mais que la vertu,
comme la nature, surclasse toute forme d’art en rigueur et en valeur,
[15] alors la vertu est propre à faire viser le milieu » (Aristote, 2004, 1140
a 25, note n°2 de l’auteur du commentaire).
De cette conception aristotélicienne, nous retiendrons une définition possible de
la vertu. Ce pourrait être une disposition à agir d’une façon délibérée, par rapport à
un juste milieu relatif à nous, lequel est déterminé par la raison.
Les réflexions éthiques autour de grands dilemmes, que l’on trouve à pléthore
dans notre société occidentale marquée par les progrès technologiques, médicaux et
l’évolution des rapports sociétaux, nous confrontent très directement à cette dualité
entre les notions de bien et de mal. C’est à mi-chemin entre ces deux pôles que
l’équilibre du juste milieu doit trouver sa place. Il est sans cesse à redéfinir, cherchant
à découvrir la moins mauvaise solution.
L’éthique telle qu’elle est pensée par Aristote a ceci de très révolutionnaire
qu’elle se soucie de partir d’une réalité concrète, basée sur l’expérience, pour essayer
de comprendre l’homme dans sa nature et son devenir. Avec lui, on s’éloigne de la
seule visée contemplative de la sagesse pour vivre la vertu dans la réalité citoyenne,
vertu cultivée par l’éducation et la persévérance.
Nous opérons donc un déplacement de ce qui est un idéal contemplatif à une
éthique beaucoup plus proche de la nôtre qui comporte une dimension tout à fait
pratique. La vertu n’est plus seulement une qualité de l’âme mais s’inscrit dans un
comportement de citoyen. En ce sens, elle rejoint notre conception de l’éthique
organisée autour des différents principes (bienfaisance, responsabilité…).
Nous cherchons le « juste milieu » à l’aide de notre raison, étant disposés par
l’habitude. Or dans cette notion d’habitude nous constatons que la formation a un
rôle important à jouer. En effet, l’habitude est favorisée par une formation morale qui
est à même de nous aider à faire les bons choix.
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