L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
la faire sortir de son héritage historique de simple femme dévouée et empreinte de
miséricorde, à une professionnelle certes empathique mais légitimée dans son
jugement par un savoir scientifique approprié, lui permettant aussi d’élargir son
champ décisionnel. Et l’engagement responsable représente ici la possibilité d’être soi
avec tout son savoir et son expérience, qui ouvrent sur un large champ de
compétences. Le raisonnement clinique, dont l’aboutissement constitue le jugement
clinique, permet d’articuler entre eux ces savoirs et compétences spécifiquement
infirmières. Il importe alors de limiter les recours à d’autres disciplines et d’éviter
tout lien de subordination.
Or ici réside, selon notre interlocuteur, un autre problème majeur. À savoir que
tous les enseignants ne sont pas formés à la démarche clinique. Il s’ensuit alors un
inévitable préjudice pour l’apprentissage. Mais le problème est plus délicat encore,
puisque les enseignants, même s’ils sont infirmiers à la base, ne sont pas tous
convaincus du statut scientifique de la discipline et se tournent justement volontiers
vers d’autres disciplines pour compléter leurs savoirs : psychologie, médecine…. Il
n’y a, de ce fait, qu’une esquisse d’identité commune qui se crée, car le corpus de
savoirs ne fait pas l’unanimité. Le raisonnement clinique infirmier, par exemple,
permettrait, pour notre enseignant, d’affirmer l’identité professionnelle de
l’infirmière et sa reconnaissance. Dans cette perspective, la démarche clinique doit
être au cœur de la profession, mais, pour ce faire, tous les enseignants devraient en
être convaincus. Notre interlocuteur place beaucoup d’espoir dans le nouveau
programme, espérant que le raisonnement infirmier y trouve une place réellement
centrale. Pensée comme telle dès le départ de la construction du programme, la
pondération des matières devrait répondre à cette volonté de promouvoir le savoir
infirmier.
L’enjeu est pour lui important, car, si l’engagement est indispensable au soin,
« il est nécessaire d’outiller cet engagement sans en déshumaniser l’essence
profonde ».
C’est pour la construction de cet engagement raisonné que notre interlocuteur
s’engage lui-même avec beaucoup d’enthousiasme et de conviction.
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