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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE<br />

ordres médicaux et à son <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> « prendre soin ». Elle porte une responsabilité<br />

juridique pour ses actes. La difficulté se pose alors pour elle lorsque ces <strong>de</strong>ux sources<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>voirs entrent en conflit, voire s’opposent. Le bien du patient ou la non-<br />

malfaisance (principes éthiques communément reconnus <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>soins</strong>) prévalent-ils<br />

sur <strong>les</strong> ordres médicaux ? Ses connaissances doivent permettre à l’infirmière <strong>de</strong> juger<br />

<strong>de</strong> l’éventuelle dangerosité <strong>de</strong> certains ordres auxquels elle se doit alors d’opposer<br />

un refus. Mais cette <strong>de</strong>rnière porte aussi, et peut-être avant tout, une responsabilité<br />

morale face à <strong>de</strong>s actes qu’elle jugerait humainement et moralement incorrects. Le<br />

soignant bénéficie d’une certaine marge <strong>de</strong> liberté <strong>dans</strong> laquelle s’exerce sa<br />

responsabilité, face à un être sur lequel il peut exercer un pouvoir plus ou moins<br />

grand. L’articulation <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux axes, selon la logique philosophique par laquelle<br />

elle est portée, aura d’autres répercussions sur son action soignante. Si l’on se réfère à<br />

Bourdieu, l’homme ne se croit libre que parce qu’il ignore ses liens, il doit chercher à<br />

exercer sa responsabilité, mais n’en est que très relativement responsable puisqu’il<br />

est assujetti au système. En revanche, pour Ricœur par exemple, l’homme est<br />

d’emblée un sujet libre et c’est cette liberté qui implique sa responsabilité. Le triangle<br />

<strong>de</strong>s pô<strong>les</strong> Je, Tu et Il constitue le cadre <strong>dans</strong> lequel s’exprime cette responsabilité.<br />

Cette <strong>de</strong>rnière n’en est pas moins l’expression d’une mise en œuvre <strong>de</strong> l’individu à<br />

partir <strong>de</strong> sa liberté, réelle ou supposée. Et Aristote définissait déjà « le responsable<br />

comme celui qui porte en lui-même le principe <strong>de</strong> son acte », sa responsabilité<br />

dépendant alors <strong>de</strong> sa volonté (Smadja, 2006, p.27) et <strong>de</strong> l’estimation que l’individu,<br />

ou ici l’infirmière, fait <strong>de</strong> ses possibilités d’action. Estimation qu’elle réalise grâce à<br />

son autonomie, et sous la conduite <strong>de</strong> sa pensée éthique qui lui dicte ce qui fait sens.<br />

« Le faire sens oriente ce que je fais en posant la question <strong>de</strong> ma<br />

responsabilité au vu <strong>de</strong> mon pouvoir faire . » (Honoré, 2003, p.176).<br />

En revanche, <strong>dans</strong> la conception <strong>de</strong> Lévinas, c’est la responsabilité qui prend le<br />

pas sur la liberté. « C’est parce que je suis libre que je suis respo nsable » (Gilioli,<br />

2004, p.13) et parce que celui qui me fait face m’interpelle <strong>dans</strong> sa faib<strong>les</strong>se d’être<br />

humain, il m’oblige presque malgré moi à la responsabilité. Et Svandra, cité par<br />

Gilioli, rejoint cette conception lévinassienne lorsqu’il affirme le soin comme<br />

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