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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE<br />

hasard <strong>dans</strong> la profession, mais représente bien la conscience d’un manque.<br />

Les professionnels du caring ou du « prendre soin » souffrent d’un manque <strong>de</strong><br />

reconnaissance en regard <strong>de</strong> la pénibilité <strong>de</strong> leurs tâches, qu’el<strong>les</strong> soient physiques<br />

et/ou psychologiques. Ces professions sont caractérisées par <strong>de</strong>s activités peu<br />

valorisées et un travail peu visible, qui se doivent d’être doublés d’empathie, <strong>de</strong><br />

gentil<strong>les</strong>se et conduisent, très souvent à l’usure, à l’impatience, voire au dégoût. Il<br />

s’agit là <strong>de</strong> manifestations qui peuvent avoir <strong>de</strong>s répercussions sur l’équilibre<br />

psychologique <strong>de</strong>s personnes actrices. Au début <strong>de</strong>s années soixante-dix,<br />

Freu<strong>de</strong>nberger puis d’autres chercheurs après lui, démontre que <strong>les</strong> professions à fort<br />

engagement personnel <strong>dans</strong> la relation et le soin <strong>de</strong> l’autre, sont particulièrement<br />

susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong> conduire à <strong>de</strong>s états pathologiques tel que le burnout ou la<br />

dépression (Freu<strong>de</strong>nberger, 1987; Maslach, 1982).<br />

Le quotidien du soignant est parfois frustrant. Que ce soit par le défaut <strong>de</strong><br />

reconnaissance, accentué encore par la frustration d’une valorisation sociale quasi<br />

inexistante dont elle fait l’objet, par le regard <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins parfois encore empreint<br />

d’une supériorité toute patriarcale, ou encore par <strong>les</strong> attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s patients eux-<br />

mêmes, fréquemment frustrés <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir se confronter à <strong>de</strong> longues fi<strong>les</strong> d’attente, à<br />

<strong>de</strong>s <strong>soins</strong> rapi<strong>de</strong>s, à <strong>de</strong>s erreurs et autres inconvénients, l’infirmière se retrouve<br />

fréquemment <strong>dans</strong> une position peu enviable.<br />

Or, en considérant le vieillissement <strong>de</strong> nos populations et <strong>les</strong> be<strong>soins</strong> toujours<br />

plus importants en personnel soignant, le phénomène ne risque guère d’aller en<br />

s’amenuisant.<br />

L’expérience montre que <strong>les</strong> soignants peuvent accomplir une tâche importante<br />

et conserver un équilibre, dès lors qu’ils bénéficient d’espaces d’échanges, <strong>de</strong> lieux où<br />

ils se rencontrent entre eux et libèrent leurs émotions, leur vécu, leur agressivité sous<br />

forme <strong>de</strong> discours cyniques par exemple… Le plus souvent, <strong>les</strong> soignants arrivent,<br />

par le collectif, à retrouver un sens à tel ou tel soin et reconstruisent ensemble la<br />

sympathie parfois évaporée envers un patient. Ceux qui ne sont pas autant impliqués<br />

<strong>dans</strong> la situation ai<strong>de</strong>nt <strong>les</strong> autres à prendre du recul. Or ces moments ten<strong>de</strong>nt à<br />

disparaitre avec la surcharge <strong>de</strong> travail, alors que c’est justement <strong>dans</strong> cette situation<br />

qu’ils seraient le plus nécessaires.<br />

Le manque <strong>de</strong> temps freine <strong>les</strong> lieux d’expression mais il freine également la<br />

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