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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE<br />

C’est en particulier en lien avec la gestion que cette nouvelle incursion paraît la<br />

plus questionnante. L’intrusion toujours plus forte du mon<strong>de</strong> administratif et<br />

comptable <strong>dans</strong> l’univers hospitalier rend celui-ci impersonnel, réduisant le soin à<br />

une prestation chiffrée en termes <strong>de</strong> coût, et le soignant à un prestataire assigné à<br />

rentabilité et performance.<br />

La pluralité <strong>de</strong>s acteurs fait entrer le soin <strong>dans</strong> un champ d’intérêts qui peuvent<br />

parfois même être contradictoires. En effet, l’hôpital n’est plus le lieu d’accueil <strong>de</strong> la<br />

maladie et <strong>de</strong> l’exclusion sociale mais <strong>de</strong>vient un lieu <strong>de</strong> service <strong>dans</strong> lequel sont mis<br />

en pratique <strong>les</strong> savoirs et technologies développés. La mission <strong>de</strong> l’hôpital a donc<br />

fondamentalement changé et certains soignants ont <strong>de</strong> la peine à s’y retrouver.<br />

Le soin au mala<strong>de</strong> est marqué du sceau <strong>de</strong> l’histoire passée <strong>de</strong> la profession<br />

ainsi que du sceau, bien souvent, <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s soignants.<br />

Si soigner n’exige plus <strong>de</strong> renoncer à soi-même pour s’investir totalement, corps<br />

et âme, envers l’Autre comme c’était le cas lors <strong>de</strong>s première confréries, et si la<br />

logique professionnelle a remplacé la logique vocationnelle, force est <strong>de</strong> constater<br />

que <strong>les</strong> personnes qui s’engagent, le font le plus souvent avec beaucoup d’émotions<br />

caractérisées, pour une gran<strong>de</strong> partie, par ce souci <strong>de</strong> l’Autre, particulièrement<br />

chargé d’affect et <strong>de</strong> sensibilité. La dimension relationnelle peut aussi être<br />

bouleversante pour le soigné. C’est peut-être elle qui le gui<strong>de</strong> vers un<br />

questionnement existentiel et vers la réflexion <strong>de</strong> son « être », <strong>de</strong> ses limites, <strong>de</strong> la<br />

nécessité <strong>de</strong> prendre soin <strong>de</strong> lui, <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>-fous d’une implication trop importante,<br />

<strong>de</strong>s valeurs qu’il veut mettre en jeu…<br />

C’est d’autant plus souhaitable que ce sont nos valeurs qui fon<strong>de</strong>nt notre<br />

engagement. Un engagement basé sur la technique, mais sans implication <strong>de</strong> l’être<br />

vers ses semblab<strong>les</strong>, resterait très questionnant, voire dangereux.<br />

Le patient est vulnérable, démuni, ramené à un état <strong>de</strong> dépendance proche<br />

parfois <strong>de</strong> la plus petite enfance, dépourvu d’un savoir que le soignant pourrait<br />

exploiter. L’éthique permet <strong>de</strong> rappeler <strong>les</strong> frontières <strong>de</strong> ce droit et <strong>de</strong> l’exercice d’un<br />

certain pouvoir car « L’éthique tire sa valeur <strong>de</strong> l’attention qu’elle confère aux<br />

figures <strong>de</strong> la vulnérabilité. » (Le Blanc, 2006, p.250). L’éthique est là, en tant que<br />

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