L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
transmettre un savoir et un savoir-faire selon deux logiques différentes que sont la
logique théorique et la logique pratique, n’est déjà pas une mince affaire. Qui plus est
donc, lorsqu’il s’agit de sphères intimement liées à la personnalité et au vécu
individuel.
Pour Boutinet (2005, p.96) l’alternance se construit sur une
« pensée métissée » qui se veut être à la fois « conciliation des oppositions et
interrogation sur leur irréductibilité ». C’est bien cette ambivalence entre deux
systèmes se nourrissant réciproquement mais demeurant cependant bien différenciés,
qui fait toute la richesse et en même temps toute la difficulté de la formation par
alternance.
Le dispositif par alternance suppose l’adaptation de l’individu aux différents
milieux professionnels et c’est dans le creuset des exigences de ces milieux que les
compétences viennent s’exprimer pleinement. Elles exigent de la part de l’étudiante,
censée utiliser au mieux toutes les ressources à disposition pour faire face aux
familles de situations professionnelles plus ou moins complexes qu’elle aura à gérer,
une forte capacité réflexive incarnée dans la mise en œuvre de compétences. Or cette
activité réflexive ne saurait s’émanciper d’un cadre éthique indispensable.
5.4 L’éthique comme fondement de la pensée réflexive
De nombreux éléments de réflexion éthique sont thématisés durant la formation,
en particulier dans le domaine relationnel. Il est fréquemment fait référence aux
devoirs du soignant envers son patient, mais les limites déontologiques sont parfois
difficiles à cerner. La réflexion sur les valeurs est certes thématisée, mais place le
focus sur les relations qui lient le soignant aux autres personnes, que ce soit le patient,
ses proches ou ses collègues. Extrêmement rarement, le focus est placé sur le
soignant et son rapport à sa profession, à sa manière de vivre l’exercice de son métier.
Il y a là, selon nous, un manque évident, dans la mesure où cette réflexion
permettrait à l’infirmière de s’interroger sur l’équilibre entre ses convictions, ses
motivations, ses responsabilités, ouvrant ainsi la voie à la compréhension du sens
réel de son action, ce qui, à son tour, engendrerait l’authenticité et l’agir
professionnel essentiels à la relation thérapeutique (Wintzer, 2004). Au-delà des
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