L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE
enseignants, il y a là un problème majeur dans la mesure où les étudiantes doivent
être évaluées sur une notion dont les critères et les indicateurs sont absents. Le flou
règne et le malaise se ressent tant chez les étudiantes que chez les formateurs et
formatrices (Sonon, 2010).
Ce malaise est sans doute exacerbé encore par les différents champs de tensions
que l’étudiante est amenée à gérer dès le début de sa formation :
l’histoire des soins et la place des soignants dans cette histoire. L’étudiante est
invitée à développer un rôle autonome, à le revendiquer, alors même qu’il
n’est pas toujours reconnu par l’institution, ni même très affirmé par les
professionnels eux-mêmes parfois ;
l’idéal de la prise en charge holistique et sa collision avec un contexte de
réduction des budgets entraînant la rationalisation des soins par mesure
d’efficience ;
une évolution des mentalités marquée par l’individualisme ambiant et un
rapport aux autres « prioritairement individualiste et pragmatique »
(Bobineau, 2010b, p.37). Le désengagement social et la dévalorisation du lien,
en particulier communautaire, sont les héritiers de cet individualisme, qui fait
que l’individu devient sa propre mesure et « se garde d’appartenir » (Gauchet,
2002, p.273). Paradoxe important pour l’étudiante dont on attend un
comportement altruiste, engagé dans la relation et soucieux de s’inscrire dans
le collectif interdisciplinaire des professionnels.
Ces phénomènes s’inscrivent dans un contexte plus vaste de modification des
conditions de travail qui trouve son origine dans les difficultés économiques
actuelles. Ces dernières ont conduit l’hôpital à passer d’une logique de besoin à une
logique de moyens, dans le but de réduire les coûts à la manière d’une entreprise
(Halbesleben, 2008).
Cette maîtrise des coûts passe par la réduction des effectifs, mais fait également
émerger de nouvelles formes de management et de nouveaux modes de gestion qui
ne sont pas sans conséquences sur l’organisation des soins : fragmentation du travail
selon la logique taylorienne (alors que la prise en charge holistique voudrait qu’une
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