L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
n’a que deux ou trois patients et qu’elle est à « 100% avec la personne (E22) ». De
ce fait, elle peut avoir « un lien qui est plus proche et plus renforcé avec les
patients (E15) ». Cet aspect relationnel semble contrebalancer une bonne part du
stress vécu (E3).
Dès leurs premiers stages, les étudiantes se rendent compte de l’impact que
l’attention portée par l’infirmière à un patient peut avoir. Hospitalisés, sortis de leur
contexte, de leurs habitudes de vie, habités par les craintes d’un avenir incertain, bon
nombre de patients souffrent parfois plus d’angoisses que de maux physiques réels.
Une oreille attentive aura souvent des effets extrêmement positifs, comme le rappelle
cette étudiante : « j’ai pu observer la satisfaction euh… chez les patients quand
je vois une infirmière qui prend euh… dix minutes, qui s’assied vers le
patient… ça se ressent toujours quoi. Parfois, on a même plus besoin de
donner des antalgiques ou des c almants après (E22) ».
L’impossibilité de mettre en pratique cette dimension humaine du soin est alors
vécue comme un échec : « … on passe pas assez de temps pour faire un soin
et… juste à ce moment-là on se rend compte que le patient a quelque chose à
nous dire et puis ben, on est pris par l’organisation… c’est frustrant, très
frustrant (E14) ».
Tous les professionnels interrogés sont d’accord pour reconnaître l’importance
d’une action collective face à cette dégradation des soins (P11), car, si les soignants ne
« travaillent pas leur positionnement, ils sont happés dans le système et… ça
fera un peu des robots… Ce sera plus des personnes qui seront… comment
dire… en fait si la personne elle se positionne pas, elle exécute et quand on en
vient dans l’exécution, on perd aussi ses valeurs, voilà (P7) ».
Face à cette situation de plus en plus difficile à gérer, les soignants doivent
adopter une attitude de défense de leurs intérêts, même si « c’est difficile de
résister parce que les… le poids des structures , c’est violent (T3) », il est
néanmoins important de tout mettre en œuvre dans ce sens. Si la santé publique ne
joue pas son rôle (T4), c’est aux infirmiers et infirmières de se prendre en mains et de
se positionner, « d’affirmer leurs valeurs personnelles et professionnelles, ce
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