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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE<br />

3.5 L’éthique au service <strong>de</strong>s soignants<br />

En effet, comment être capable réellement <strong>de</strong> prendre soin <strong>de</strong>s autres personnes<br />

si l’on ne prend pas soin <strong>de</strong> soi en sa qualité d’humain, conscient <strong>de</strong> son implication<br />

et <strong>de</strong> son action <strong>dans</strong> le mon<strong>de</strong>. Cette recherche <strong>de</strong> l’être subjectif qui prend sa source<br />

chez Kierkegaard et évoque l’angoisse <strong>de</strong>vant la mort, implique aussi une réflexion<br />

sur soi.<br />

Lorsqu’il examine cette notion, Foucault (2001) se penche sur <strong>les</strong> écrits <strong>de</strong>s<br />

philosophes grecs et constate que la notion du souci <strong>de</strong> soi constitue le préalable<br />

indispensable à toute velléité <strong>de</strong> s’occuper d’autrui. En ce sens, le souci <strong>de</strong> soi est une<br />

ressource essentielle : prendre soin <strong>de</strong> soi, cela revient à la question <strong>de</strong> l’introspection.<br />

Le souci <strong>de</strong> soi doit s’incarner <strong>dans</strong> la connaissance <strong>de</strong> soi. Il s’agit <strong>de</strong> se connaître<br />

personnellement, connaître et défendre ses valeurs. Les valeurs sont inscrites au plus<br />

profond <strong>de</strong> nous-mêmes et <strong>de</strong> notre conscience.<br />

C’est pourquoi « questionner la morale, ce n’est pas seulement étudier<br />

<strong>de</strong>s auteurs plus ou moins lointains, analyser <strong>de</strong>s théories plus ou<br />

moins séduisantes, c’est d’abord et avant tout s’observer soi -même, se<br />

questionner, son<strong>de</strong>r ses propres assises et parfois même ébranler ses<br />

sécurités. » (Fortin, 1995, p.4).<br />

Foucault développe la pensée grecque selon laquelle ce souci <strong>de</strong> soi est essentiel.<br />

Il ne s’agit pas d’un caprice narcissique, loin s’en faut. Chez Platon comme chez<br />

Aristote, on remarque cette insistance <strong>dans</strong> l’enseignement aux plus jeunes et cette<br />

injonction au souci <strong>de</strong> soi. Non <strong>dans</strong> le but <strong>de</strong> satisfaire <strong>de</strong>s be<strong>soins</strong>, mais <strong>dans</strong> le but<br />

d’accé<strong>de</strong>r à la vérité. Il s’agit, comme dit Foucault « d’une élaboration <strong>de</strong> soi sur<br />

soi, d’une transformation <strong>de</strong> soi sur soi » (p.17). Or, le but est tout à fait louable :<br />

il s’agit d’accé<strong>de</strong>r à un haut <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> vérité pour être à même d’exercer le pouvoir<br />

sur la Cité, c’est-à-dire sur <strong>les</strong> concitoyens. Etre soignant, c’est aussi exercer une<br />

forme <strong>de</strong> pouvoir sur <strong>les</strong> autres. Il ne s’agit pas d’un repli égoïste. S’il y a repli sur soi,<br />

ce n’est qu’un bref moment pour pouvoir ensuite s’ouvrir d’autant mieux vers <strong>les</strong><br />

autres.<br />

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