L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
relevait de l’évidence et la communauté professionnelle semblait « plus au clair sur
ses valeurs et sa posture (T1) ». Les pressions parentales, qui ne manquaient de
s’exercer, traçaient déjà la voie (P8), alors qu’à présent l’étudiante doit trouver elle-
même le sens à ce qu’elle entreprend (P8). D’une certaine manière, cette évolution est
positive, puisqu’il semble que les étudiantes soient moins dans une logique de
l’adaptation à tout prix, comme les soignants des générations précédentes ont pu
l’être (P7). Pour ces derniers, la soumission (T9) et la souffrance relevaient même
d’une certaine normalité contenue dans des normes implicites : « … j’aurais été
(du genre)… à souffrir… en disant il faut se taire, il faut rien dire. C’est mon
rôle d’être là… (T3) ». Par rapport à ces phénomènes, les jeunes sont mieux à
même d’exprimer leurs limites (T3). Ils cherchent, pour la plupart, à s’éloigner de ces
formes d’engagement inconditionnel qui sont liées à l’histoire de la profession et qui
faisaient du sacrifice complet la condition réellement favorable à son exercice (T5).
Toutefois, en sortant de l’univers confiné et protecteur de la formation, l’arrivée
dans l’univers du travail ne se fait pas sans douleur, car les étudiants sont
« protégés » au lieu d’être immergés dans la réalité concrète (P7). Selon une
enseignante : « Ils (les étudiants) sont dans un monde où l’idéal qu’on (les
enseignants) leur présente… le choc est d’autant plus violent que les modes
de management dans les institutions vont à l’encontre de cet idéal -là. À mon
sens, le fossé, maintenant il est beaucoup plus grand pour eux qu’il ne le fut
à l’époque pour moi… (T13) ». À cet égard la formation serait fragilisante et l’écart
entre l’école et les lieux de pratique se serait accentué.
Et cette même enseignante de voir dans cet état de fait une invitation explicite à
œuvrer ensemble, durant la formation, pour réduire cet écart : « … je pense aussi
que intégrer ça (l’écart entre idéal et réalité professionnelle) au niveau de la
formation leur donnerait des ressources supplémentaires… (T13) ».
Les jeunes sont très majoritairement en quête de sens dans ce qu’ils font (T1, P3,
P9) : « je pense qu’on est dans une nouvelle génération qui s’ engage vraiment
en souhaitant donner du sens. Peut-être même plus qu’avant (P8) ». C’est le
sens et, dans une certaine mesure aussi, l’appartenance qui jouent le rôle
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