L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
comme le veut l’héritage d’un passé fortement ancré dans la profession, la plupart
des personnes interrogées défendent l’idée d’une connaissance de soi édifiante qui,
loin d’être le reflet d’un égoïsme abusif, se veut la condition préalable à une
préservation de soi nécessaire à une rencontre saine et distancée avec l’humain
vulnérable, et donc à l’exercice d’un soin de qualité ancré sur une posture
professionnelle raisonnée. La pensée de Lévinas et la responsabilité imposée par le
visage de l’Autre n’est donc pas reniée mais transcendée, comme le souligne une
enseignante en s’appuyant sur Ricœur, selon qui pour être avec l’Autre, il faut
d’abord être avec soi. Une autre enseignante établit d’ailleurs, avec amertume, un
lien entre l’absence de connaissance de ses valeurs au début de sa carrière et son
incapacité à entrer en empathie avec les patients, induisant l’incapacité de les
accompagner vraiment. Et la même enseignante explique que l’intrusion de la raison
dans le processus d’engagement ne dévalue pas celui-ci, mais lui ouvre, au contraire,
des chemins mieux balisés et donc un plus grand potentiel.
21.3 Le sens, une question d’équilibre
Si la notion d’engagement est peu considérée sous l’angle de l’enseignement, en
revanche l’engagement en tant que posture vis-à-vis de la profession est, lui, bien
présent. Ce sont, au total, en moyenne huit personnes sur dix qui se disent fortement
à très fortement engagées.
L’énergie, la persévérance, de même que le sentiment d’efficacité et
l’enthousiasme forment un très large consensus (neuf personnes sur dix) pour
caractériser les effets produits par l’engagement, qui semble alors posséder les
caractéristiques propres à un carburant, en termes de potentiel énergétique. Mais
l’engagement a aussi des conséquences très spécifiques chez les soignants qui y
voient un sens à leur existence, notion proche du sentiment d’utilité également très
souvent cité. Si l’engagement constitue une prise de risque, pour pratiquement neuf
personnes sur dix, dans la mesure où il implique de faire des choix, induisant par là-
même l’éventualité de l’erreur, il n’en demeure pas moins source de satisfaction et
d’épanouissement personnel pour un grand nombre.
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