L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
invitait l’étudiante à travailler selon le même rythme et les mêmes modalités que les
soignants diplômés (P7). Si ce système avait pour inconvénient l’inclusion de
l’étudiante à l’équipe comme force de travail, il avait néanmoins aussi le mérite de
l’immerger dans la réalité du métier (P7).
On trouve parfois ainsi des traces de références aux anciens systèmes de
formation, qui prônaient une plus grande présence sur le terrain, avec cependant un
socle de connaissances inférieur. Les étudiants ont parfois de la peine à comprendre
les orientations prises par l’organe central des Hautes Écoles Spécialisées qui, de par
sa mission de formation universitaire, se doit d’offrir un panel de connaissances
larges constituant un socle fondamental. Ce socle peut ensuite être mobilisé en
fonction des situations, le moment venu (T3). L’importance de ces connaissances
n’apparaît souvent que dans un second temps, parfois lorsque les jeunes sont déjà
diplômés. Confrontés à certaines pratiques, ce savoir prend d’un seul coup sens (E26,
P10). Par ailleurs, le « manque de pratique », souvent reproché par les professionnels
(P4), engendre un sentiment d’infériorité chez les étudiants qui ont alors tendance à
se dénigrer pour se faire accepter, quitte à taire les nombreuses et riches
connaissances qu’ils ont pu acquérir en cours (T12).
Un autre élément vient alimenter cette tendance des étudiants à polariser leur
attention sur la pratique, à savoir la tendance générale dans cette profession à
valoriser toujours davantage ce qui relève de l’agir et du faire, au détriment du
savoir et du savoir-être (T3). Dans un monde mû par la logique de l’efficience, il est
clair que l’action revêt une importance supérieure et le risque est alors que la
formation subisse « un nivellement par le bas (T3)», imposé par des pratiques
rendues plus fortes car opérationnelles, qui offrent un agir visible et quantifiable.
Ainsi deux logiques s’opposent dans le système dual de la formation infirmière :
« la logique du terrain et la logique de la réflexion (P1)».
Face à cela, il est d’autant plus essentiel qu’il y ait consensus parmi ceux qui
dispensent la formation, et que les cours ne soient pas eux-mêmes vecteurs d’une
« espèce de réductionnisme (T3) », comme cela semble être parfois le cas, à en
croire cette enseignante. L’evidence based nursing (EBN), calqué sur le modèle
médical de l’EBM (Evidence based medicine), peut d’ailleurs rapidement conduire
386