L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
leur expertise au moyen d’un jugement clinique clairement établi sur des concepts
étayés et en référence à des situations de soins concrètes. Par là-même, elle est un
moyen pour la profession de se faire reconnaître dans sa dimension réellement
scientifique.
Les professionnels sont les premiers à reconnaître les vertus évidentes de la
pratique réflexive, puisqu’ils sont pratiquement unanimes sur l’intérêt à voir des
analyses de pratiques régulières, menées en partenariat entre praticiens sur les lieux
de stage, enseignants et étudiants. Que ce soit dans le cadre des contrats tripartites
ou d’autres moments clés, ces temps de co-construction du savoir infirmier ne
pourraient être que bénéfiques, tant pour les individus que pour la construction d’un
savoir infirmier et d’une identité commune. Ce moyen pédagogique présente de
multiples atouts. Il convient néanmoins de souligner l’importance de ne pas le penser
dans une visée d’amélioration uniquement, comme conformité d’un professionnel
toujours plus adapté au système. La question fondamentale du sens, du rapport à soi,
à la maladie et au patient, nécessite une réflexion en profondeur sans visée
d’application. Inscrire cette réflexion dans le collectif permet ensuite de mener des
actions à un niveau institutionnel pour faire valoir le rôle et l’identité infirmière.
Alors que la pratique offre de moins en moins d’espace pour promouvoir une
communauté de pensée, des objectifs communs et une vision partagée de la
profession, c’est aux lieux de formation qu’appartient cet immense défi. Mais, pour
promouvoir l’engagement professionnel durant la formation, il faut d’abord en
démontrer le sens. Or, nous l’avons vu, le sens se trouve dans la mise en œuvre de
ses valeurs propres. La formation constitue un moment privilégié où l’étudiante peut
prendre le temps de réfléchir à ses valeurs, à ses limites et au professionnel qu’il
souhaite devenir ou non. Cependant cette démarche doit être guidée et il faut donc
pouvoir mettre en œuvre les modalités pédagogiques qui la rendront possible. Très
nombreux sont les étudiants à souhaiter un accompagnement beaucoup plus
individualisé qu’il ne l’est actuellement, avec un enseignant qui sache les entendre,
les guider, les aider à surmonter le choc de la réalité professionnelle. Idéalement, ce
serait un accompagnement qui encadre mais ne juge ou n’évalue pas, réalisé selon les
478