L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
prise en charge selon les idéaux que l’on peut se forger durant la formation en école.
En effet, que l’on examine de près l’une ou l’autre des théories de soins, force est de
constater bien vite qu’elles sont très exhaustives, mais par là-même aussi exigeantes
en terme de temps.
Hesbeen (2002) met en garde contre la tendance, déjà présente dans bien des
secteurs, de faire du métier de soignant un métier de technicien spécialisé, au service
de la technique et d’un patient devenu pour un temps « objet » de soin. Les théories
de soins ne sauraient se résumer à une forme de modèle « prêt-à-penser » que l’on
réchaufferait en quelques minutes pour une utilisation immédiate. La dynamique
relationnelle n’entre pas dans ce genre de schéma. L’établissement d’une relation de
confiance ne se réalise pas toujours de manière très rapide ni très spontanée, mais
demande du temps et un investissement personnel parfois conséquent.
Est-ce bien en cohérence avec la réalité du monde infirmier d’aujourd’hui ?
Comment permettre l’adéquation entre les contraintes du terrain et les éléments
nécessaire à la prise en charge « idéale » ?
Comment l’engagement des soignants, tel qu’il est sollicité aujourd’hui par des
théories comme celles de Marchal et Psiuk (2002), est-il rendu possible en regard des
ressources dont ces professionnels disposent réellement ?
Si on doit aux théories de soins une reconnaissance particulière pour l’accent
qu’elles ont su mettre sur la notion de jugement clinique et la mise en valeur du rôle
propre, il faut néanmoins souligner que leur utilisation dans la réalité du quotidien
ne peut se faire que de façon très ciblée. En effet, le diagnostic infirmier émanant de
ce jugement clinique, devrait donner lieu à une évaluation continue des problèmes
prioritaires, effectifs ou possibles, des patients. Les opérations mentales mises en
œuvre pour réaliser cette évaluation, sont complexes et chronophages. Depuis
l’observation, jusqu’à l’organisation des solutions à apporter, en passant par la
conceptualisation et la mise en œuvre, l’infirmière doit démontrer sa capacité de
décentration, d’organisation des connaissances et de leur application, ainsi qu’un bon
processus de réflexion. Le tout est assumé par sa responsabilité (Kérouac, 2010).
Une application uniforme et généralisée de ces modèles paraîtrait dangereuse
car incompatible avec la réalité soignante. En revanche, la référence à ces concepts
dans la démarche d’analyse constante de l’infirmière et l’utilisation des théories
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