L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
connaissance de soi permet de réaliser où sont nos limites, parce que « le risque de
dépasser un certain seuil, il est peut -être plus important si on se connaît pas
et si on ne sait pas placer des limites (E5) ». On parvient à un seuil à partir
duquel il sera difficile de faire marche arrière (E3). Le fait est qu’on ne peut pas
séparer l’individu et le professionnel et « te connaissant mieux en tant
qu’individu, tu peux poser tes propres limites... (T14) » et ainsi éviter les
conséquences d’un engagement inconsidéré, tel l’épuisement qui souvent en résulte.
Un professionnel explique en effet que, en arrivant à bien connaître ses limites au
niveau professionnel, il arrive à prendre de la distance, et du recul dans son travail,
et à mettre les soucis professionnels de côté lorsqu’il est en dehors de l’institution
(P8). La prise de distance est une protection fondamentale (E4) pour pouvoir
«… fonctionner correctement (car) si on se protège pas, à moment donné c’est
plus possible, on craque… (P5) ». « Le fait de le savoir, ça aide, je pense à
rester professionnel… (E17) », « …dire ben ça c’est mes valeurs donc jusque-
là je peux accepter un certain nombre de choses, mais au -delà, je dois me
positionner et dire stop, pour pas m’épuiser. C’est dans ce sens-là que je
pense ce travail d’introspection est important, quoi (E17) ». Et plusieurs
étudiants soulignent le bien-fondé de cette démarche de « regard sur soi-même »,
non pas dans un élan narcissique, mais dans une volonté de connaître mieux ses
limites (E18, E17, E2).
D’ailleurs, une personne explique que c’est finalement le fait d’avoir passé sous
silence ses motivations profondes, et d’avoir continué à fonctionner selon ce qu’on
attendait d’elle qui l’a conduite au burnout. C’est une psychothérapie qui l’a aidée à
entrer dans cette introspection et à se découvrir réellement, un moyen qui permet de
« travailler sur soi-même, d’être conscient aussi de ses valeurs (T14) » . Les
épreuves de vie ne constituent alors plus un obstacle, mais « on se sert de cette
fragilité, de ses doutes et là à mon sens, on est plus fort, mieux armé mais au
sens positif du terme pour faire face aux situations de détresse, d’angoisse et
de fin de vie… (T14) ». Même déjà en proie au burnout, une personne explique
que la connaissance de soi est essentielle pour aider à « se reconstruire » puisque, par
cette démarche, il est possible de comprendre les raisons qui ont amené à cet état et
323