L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
Or, parce que ces besoins étaient inconscients, cette enseignante explique s’être
fabriqué des mécanismes de défense permettant de faire face. Elle affirme avoir été
une infirmière très bonne technicienne, mais pas une bonne infirmière dans le sens
où elle n’était pas en mesure d’entrer réellement dans une relation d’empathie avec
les patients, n’étant pas au clair avec elle-même. Elle pose donc la connaissance de soi
comme un préalable à une relation de qualité.
C’est après avoir quitté la France (deux ans après son diplôme) et s’être intégrée
en Suisse qu’elle réalise le malaise qu’elle éprouvait auparavant. La profession
infirmière mettant, à cette époque, beaucoup plus l’accent sur la dimension
relationnelle au patient, elle se sent, toujours inconsciemment, beaucoup plus en
accord avec ses valeurs et cela lui « redonne la confiance dans le métier ». Ce
décalage inconscient avec son idéal était finalement cause de souffrance et aurait,
selon elle, provoqué rapidement l’abandon de la profession. C’est finalement une
psychothérapie consécutive à un burnout qui a permis de mettre en évidence tous ces
éléments, en particulier le rôle central des valeurs dans son état psychique.
C’est elle qui reçoit tous les dossiers de candidature des étudiantes,
accompagnées, comme il se doit pour la postulation, de leur autobiographie et de
leurs motivations. Elle note des liens évidents entre des parcours de vie, des
situations familiales et le choix de la profession. Toutefois, rares sont celles, dit-elle,
qui font elles-mêmes ce lien, tout comme elle ne le faisait pas non plus à son entrée
en formation, mais seulement bien plus tard.
Il est difficile d’aider les étudiantes à travailler les valeurs, car elles sont en
pleine construction identitaire. Pourtant ce cheminement doit absolument être
abordé, car la « profession remet beaucoup en question, de par la confrontation
à la maladie, à la mort, de par ce qu’elle nous renvoie à notre fragilité ».
Être conscient de ses fragilités et de ses doutes permet de mettre en œuvre des
stratégies. Mais, pour cela, il est nécessaire d’apprendre à penser ce qui, selon elle,
n’est pas évident chez les étudiantes. Il s’agit de « trouver la bonne clé » pour
mobiliser les bonnes compétences. Une bonne clé qui ne serait autre que la
connaissance de soi ? Il ne s’agit pas d’offrir une boîte à outils avec des ressources
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