L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE
communément aujourd’hui, mais de la prudence dans le sens d’une vigilance
constante face à un monde toujours plus orienté vers la technique, au risque d’opérer
une réification de l’humain. On entend par là également une inquiétude saine pour le
respect de ce que l’on s’est engagé à faire, une prudence au sens aristotélicien de la
phronesis. Face à la routine et à l’usure du temps, cette inquiétude doit réveiller
quotidiennement notre attention à la singularité de celui qui est soigné. Il y a bien là
un double mouvement entre l’engagement qui induit la responsabilité, alors même
que la responsabilité implique l’engagement. Est-il réellement possible d’imaginer
une responsabilité sans engagement ?
Si l’on se réfère à Jonas (1990), la responsabilité peut s’exprimer de deux
manières. Le soignant se trouve face à une responsabilité juridique à laquelle il doit
se soumettre sous peine de sanctions, c’est l’imputation causale de ce qu’il a commis.
Mais il est aussi face à une responsabilité morale plus délicate, parce que
relativement subjective. Il s’agit là de la responsabilité face à ce qui n’a pas encore été
réalisé, mais qui relève de son vouloir et de son pouvoir.
« Un concept en vertu duquel je me sens donc responsable non en
premier lieu de mon comportement et de ses conséquences, mais de la
chose qui revendique mon agir. » (Jonas, 1990, p.132).
En d’autres termes, il s’agit d’une responsabilité qui m’incombe face aux
possibilités qui sont les miennes de permettre le développement de conditions
favorables pour ma situation et celles de mon entourage. Il y a donc une part de
responsabilité qui découle du devoir, et une part de responsabilité assimilée au
sentiment d’obligation lié à ce devoir.
« Le devoir précède la responsabilité en ce sens qu’il la fonde, et en
même temps il suit la responsabilité, en ce sens que c’est dans la mesure
où on est responsable que l’on peut s’éprouver comme obligé . » (Ladrière,
1997, p.152).
L’infirmière porte une grande responsabilité : elle est soumise à la fois aux
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