L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
d’engagement pour essayer de sauver ce que je trouve beau dans ce métier -là
(P11) ».
Les connaissances sont donc bien un terreau fertile pour faire croître et soutenir
l’engagement !
19.3.6 Les limites de l’engagement
Mener un combat exige de donner de sa personne. L’engagement en tant
qu’investissement de sa personne, à quelque niveau que ce soit, peut, sous certaines
conditions, devenir une véritable source de souffrance (T4). Il convient alors de
réfléchir aux limites de cet engagement, ainsi qu’aux conditions parfois précaires de
sa mise en œuvre.
Si on évoque le contexte des soins infirmiers, on a tout de suite à l’esprit les
limites imposées par le contexte organisationnel. Certes, la dynamique d’équipe peut
aussi être source de tensions importantes (E13), de même que la relation avec un
patient peut générer des craintes et des angoisses très fortes (P2), mais les freins à
l’engagement sont effectivement plus en lien avec une inadéquation entre la mission
à remplir et les motivations et/ou capacités des soignants. Les causes peuvent aussi
émaner directement des services de soins. Il peut s’agir, par exemple, d’unités de
soins réservées à des populations plus difficiles à gérer que d’autres (E14). Mais le
plus souvent, ce qui est évoqué ici, c’est l’organisation du travail et les implications
de celle-ci sur les conditions de travail réelles : dotation réduite en personnel,
turnover important et instabilité des équipes… (T4, P6), révélant « un malaise »
certain (P7). Plusieurs professionnels nomment par exemple un écart entre leurs
valeurs et celles de l’institution ou du travail à accomplir, comme étant une source de
souffrance importante et une limite certaine à toute forme d’engagement (E26, P1,
P4) : « …je suis partie de certains endroits parce qu’ il y avait des choses avec
lesquelles je n’étais pas forcément en accord (P1) ».
Ces conditions de travail induisent un certain nombre de malaises sur lesquels
nous allons revenir, mais contribuent à anéantir le plaisir que les soignants peuvent
avoir à exercer leur art. Or, sans un minimum de plaisir, les professionnels sont
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