L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
Et, parce que l’équipe a un rôle tellement essentiel dans la manière dont va se
dérouler l’exercice professionnel, l’engagement au sein de cette équipe en est
d’autant plus important aussi. « … L’engagement dans l’équipe… est important
pour soi, pour l’équipe, pour la personne et pour le patient (E1) », il revêt un
caractère quasi déontologique dans la mesure où il est « une forme d’engagement
vis-à-vis des collègues (P6) ». Il s’agit d’une forme d’engagement mutuel tacite,
constitutif de l’identité collective, dont les soignants perçoivent bien l’intérêt et la
raison d’être. Il existe cependant des cas de figure où la dynamique d’équipe est telle
qu’elle ne favorise pas l’engagement (E1), lorsqu’il y a par exemple des tensions ou
des conflits (E3, E2), tandis qu’une dynamique positive d’entraide a des incidences
très positives sur l’engagement personnel (E3, E26). On relèvera par exemple cette
remarque d’une étudiante qui réalise, lorsque nous lui posons cette question de
l’importance de l’équipe dans son propre engagement, que celle-ci a joué un rôle
finalement crucial, avec des conséquences sur son choix professionnel définitif : « …
Tiens c’est maintenant (en référence à une expérience au sein d’une équipe
très engagée) que j’y pense, ouais ! Que je me suis dit, ouais je continue pour
être aussi infirmière ou ambulancière… (E3) ».
Malheureusement, en fonction de certains facteurs, l’équipe n’a pas toujours
une incidence positive et certains soignants peuvent en pâtir. Certaines équipes sont
plus préoccupées par leur propre dynamique que par les soins (T4). D’autres
réussissent à entraîner les étudiants ou les autres professionnels dans des conflits et
clivages qui constituent un frein indéniable à leur engagement (P1). Enfin, certaines
équipes se montrent très soudées et peu avenantes vis-à-vis des « nouveaux », en
particulier des tout-jeunes soignants : elles ont la fâcheuse tendance à ne relever que
les points négatifs (T4) et suscitent plutôt la démotivation et la perte de confiance en
soi : « …quand vous avez toute une équipe qui vous dit que vous êtes nul et
que tout est votre faute, ben on finit par y croire (P11) ».
De fait le bon fonctionnement d’une équipe est loin d’être une évidence.
« Beaucoup ont peur du travail d’équipe parce qu’ils ont peur d’être mis sous
une chape de plomb (T9) ». Le regroupement de personnalités différentes constitue
un défi important. Une équipe renferme par exemple des personnes avec des niveaux
368