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L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

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DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE<br />

conduisant à une dilution <strong>de</strong>s responsabilités institutionnel<strong>les</strong>, vise finalement à une<br />

focalisation sur la responsabilité individuelle, plus facile à épingler et à condamner<br />

(Ehrenberg, 2010).<br />

Par ailleurs, à force <strong>de</strong> responsabilités multip<strong>les</strong> et diverses, on finit par<br />

annihiler la notion même <strong>de</strong> responsabilité. On pèche alors par excès selon la mesure<br />

d’Aristote.<br />

Si donc la responsabilité va, jusqu’à un certain point, motiver l’engagement et le<br />

soutenir en lui donnant un but, elle ne doit pas se limiter à sa composante normative<br />

mais dépendre <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> l’individu. Soumise à l’excès, <strong>de</strong>s effets délétères<br />

peuvent apparaître, tant pour celui qui en est chargé que pour <strong>les</strong> personnes dont il<br />

s’occupe. En effet comment réagir face à une responsabilité qui augmente <strong>dans</strong><br />

l’exercice du soin, alors même que <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> travail sont toujours plus<br />

précaires et ne permettent pas <strong>de</strong> pouvoir l’assumer, voire entrent très directement<br />

en conflit avec l’éthique personnelle et professionnelle du soignant ?<br />

Selon Fiat (2006), cette situation, marquée par la fatigue et le découragement,<br />

peut conduire à l’esquive, ce « ren<strong>de</strong>z-vous manqué avec soi-même, avec sa<br />

propre volonté, sa liberté et sa responsabilité » (Fiat, 2006, p.57), ou atteindre la<br />

personne au plus profond d’elle-même, <strong>dans</strong> son être intérieur, en un mouvement<br />

tragique <strong>de</strong> repli sur soi. Même si Rameix (1996, p.87) souligne que<br />

« Etre éthique, c’est accepter et vivre le conflit du bien à faire et du<br />

<strong>de</strong>voir à accomplir, comme si la <strong>de</strong>stination <strong>de</strong> l’homme était d’en sortir<br />

<strong>dans</strong> un mon<strong>de</strong> meilleur qui n’est pas à atteindre, mais à construire »,<br />

il y a tout <strong>de</strong> même <strong>de</strong>s limites à ce champ <strong>de</strong> tension qui, lorsqu’il est exacerbé,<br />

<strong>de</strong>vient douloureux et nocif.<br />

La responsabilité implique <strong>de</strong> savoir poser <strong>de</strong>s limites et se préserver en tant<br />

que sujet <strong>de</strong> l’agir. Elle implique un « soin » <strong>de</strong> soi qui ne peut s’exprimer que <strong>dans</strong> la<br />

capacité <strong>de</strong> l’être humain à fixer ses propres règ<strong>les</strong>, donc à exercer son autonomie.<br />

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