L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
également la lumière sur les processus internes qui ont conduit le praticien à ses
actions et fait émerger ses ressentis (E5, T5). Cela nécessite alors d’être guidé
correctement au travers de ce processus, entre autres aussi pour avoir l’opportunité
d’ancrer sa réflexion sur une argumentation solide (E5). La relation de confiance
établie avec les autres personnes présentes l’autorise à « se montrer un peu plus
fragile sans être trop menacé (T4) », à exprimer ses sentiments et même à pleurer,
par exemple (T4).
Selon plusieurs personnes interrogées, la réflexivité constitue une arme
importante dans le combat économique qui se livre au niveau du système de santé.
De par son ancrage conceptuel et la validité scientifique qu’elle acquiert, elle permet
aux infirmières de postuler pour une plus grande reconnaissance sociale et
économique, mais également de démontrer les dérives d’un système assujetti à la
logique managériale et qui, par l’augmentation des pressions, réduit à néant ce temps
nécessaire à la réflexion. La verbalisation est évincée au profit de la communication
virtuelle par l’intermédiaire de l’ordinateur (T9). Une étudiante explique la différence
qu’elle a pu vivre entre un service traditionnel dont le quota est de 0.8 soignants par
patient, et un service d’oncologie privé dont le quota est de 1.2 soignants par
personne malade. Dans le premier cas, aucune possibilité de prendre du temps pour
la réflexion, alors que, dans le second, cette réflexion est au centre de la prise en soins
(E5). C’est une mise en synergie des compétences et réflexions de chacun qui ouvre
sur des horizons de possibles quasiment infinis (T12). Et plusieurs étudiantes
regrettent la centration importante du cursus de formation sur les actes techniques,
qui pourtant s’acquièrent rapidement dans la pratique, au détriment d’un
entraînement à la réflexion, dont l’exercice est beaucoup plus ardu et nettement plus
long à s’approprier (E3, E5).
De plus, la profession étant complexe et les situations de soins parfois difficiles
à gérer, un regard extérieur sur son propre fonctionnement s’avère très aidant. Une
étudiante fait le parallèle avec les psychothérapies que font certains soignants des
milieux psychiatriques. Elle explique que, sans aller jusque-là, cette mise en question
de ses propres fonctionnements, et la verbalisation au lieu de l’intériorisation des
difficultés vécues, seraient un apport très bénéfique (E9). Cela permettrait, à la fois,
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