L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
Mais chaque personne est aussi imprégnée du milieu social et éducatif dans
lequel elle a grandi. La différence est perceptible entre des personnes, souvent d’une
ou deux générations plus âgées que les étudiants, qui ont été éduquées dans « le
sens des devoirs… des obligations, du service (T9) », et des jeunes davantage
baignés dans une « atmosphère … de plaisir, de confort (T9) ». Le rapport au
travail et aux limites s’en voit passablement modifié.
Avec l’avènement du règne de la raison et la chute des grands récits, les repères
moraux et spirituels se sont également effilochés (T10), laissant l’individu face à sa
responsabilité personnelle de construire ses propres repères. Ils ont la lourde tâche
de mettre en scène leur propre « je » (P2) et les valeurs qui l’animent. « Aujourd’hui
le problème ce n’est pas qu’il n’y a plus de valeurs, c’est qu’il y en a
tellement qu’il faut essayer… de se faire son propre système de références…
c’est aussi un processus, ça tombe pas du ciel (T10) ». Par le passé, les valeurs
étaient transmises dans le contexte familial et socio-éducatif, tandis qu’aujourd’hui
elles semblent nettement moins bien ancrées (P5). La formation, de son côté, jouait un
rôle de transmission des valeurs professionnelles reconnues par la communauté et
l’étudiante entrait dans la vie active avec son panier de valeurs bien défini.
Aujourd’hui, la formation leur offre le panier, mais c’est à eux de faire leur choix
parmi les valeurs en présence (P10). Il faut être capable de placer des priorités, de
faire des choix judicieux, non plus entre des éléments relevant du noir ou du blanc,
mais au contraire s’étalant sur une gamme infinie de nuances de gris, ente les deux
extrêmes. Or, « quand y a trop, on sait plus quoi choisir (P5) », c’est aussi l’avis
des étudiants qui sont parfois bien embarrassés devant les options possibles (E5).
C’est l’avènement d’une polyvalence (T1), qui se vit parfois au détriment du sens
(T10) et suscite des engagements pluriels (E5) : « J’ai besoin de pouvoir répartir et
de ne pas m’engager dans une seule chose… (E15) », explique une étudiante. Les
jeunes affirment une volonté d’indépendance (P9), de liberté dans leurs choix (T9,
P7), mais vivent en fait aussi une grande solitude (T1) et des craintes qui les
conduisent à préférer des engagements au sein d’espaces plus confinés (E17, T9) et
peut-être plus rassurants. On peut sans doute mettre ici en exergue la remarque
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