L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
d’enseignants qui reconnaissent que les étudiants sont peut-être moins engagés au
sein des grands groupes-classes que par le passé, moins actifs aussi dans des
associations professionnelles, mais en revanche toujours aussi engagés, sinon plus,
dans la relation au patient et sa prise en charge (T20, T9). On retrouve d’ailleurs cet
attrait pour l’engagement plus intime dans une recrudescence des jeunes filles, en
particulier, à vouloir se marier rapidement, comme pour acquérir le cadre ou la
stabilité qui leur fait défaut (T4, T5), et qui résulte aussi souvent du délitement des
liens familiaux (T3), mais aussi sociaux (T4).
De fait, il s’exerce une forte pression sur les jeunes (E17) et cela d’ailleurs dès le
plus jeune âge et dans tous les domaines (P9). La pression régulière liée à l’incitation
à la performance génère un stress latent quasi continu chez eux (P9). Celui-ci se
heurte à son tour aux pressions induites par les changements institutionnels dans le
milieu de l’activité professionnelle (T9) et l’on comprend dès lors les craintes et les
peurs dont ils peuvent rapidement devenir la proie (T9). Cela explique aussi cette
remarque d’une enseignante qui, en parlant des étudiants de ces dernières années,
exprime les sentir «… plus fragiles (T10) ». Et une autre enseignante renchérit en
faisant le lien avec une certaine hésitation de leur part à s’engager, disant qu’ils
« sont plus fragiles d’un point de vue identitaire qu’avant, donc c’est peut-
être aussi plus dangereux… de prendre ses responsabilités, de, euh, ouais, de
jouer son rôle… (T4) ». Cette fragilité est renforcée encore par le fait qu’il n’y a pas
de réelle possibilité de prise de recul pour les aider à se positionner et définir ainsi les
contours d’une identité réfléchie et mûrie (T10).
Cette situation vectrice d’une insécurité palpable pour certains jeunes les
conduit à se réfugier derrière des mécanismes de protection et à préserver leur
sphère privée, leur « cadre à soi » (E17), de peur qu’elle ne soit trop envahie par les
pressions sociétales. Ainsi une étudiante explique : «… on est tout autant engagé
mais peut-être d’une autre manière. Justement, on apprend aussi à se
protéger… (E15) ». Et une praticienne remarque que, selon elle, l’engagement est
vécu « avec un peu de retenue (T4)» de par le fait qu’il y a cette crainte face à
l’avenir. Or l’engagement implique a priori une orientation vers l’avenir, ce qui peut
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