L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
catégoriques, il sera difficile de s’engager (E1, E14, E19, E26, T3, T4) : « … si on a
pas de plaisir par rapport à l’institution pour laquelle on travaille, si on n’est
pas en accord avec les pratiques de l’institution pour laquelle on travaille, ça
c’est des facteurs, je pense, qui vont faire que l’engagement, il sera moindre
(E1) ». Pour que l’individu puisse s’épanouir et trouver du plaisir à son activité,
celle-ci doit avoir un minimum de sens, comme nous l’avons déjà vu dans une
section précédente (E2, E22, T3) : « …en fait si je me donne à fond dans un
engagement euh, particulier, c’est vrai que si j’y vois pas de sens, ben je vais
pas m’engager. Donc c’est vrai qu’il y a du sens, il y a aussi un intérêt
personnel… (T3) ». Intimement liée au sens, de par la valeur que les tiers et tout
particulièrement la hiérarchie donnent à l’activité, valeur contributive à l’élaboration
du sens, l’absence de retours et de reconnaissance est également considérée comme
un frein important à l’engagement (T3, P7, P10) : « … pour moi, oui, il y a des
limites à l’engagement, ça revient toujours à des questions de
reconnaissance… (P7) ».
Sur un plan plus personnel, il est vrai que les situations de soins, tout
particulièrement la relation au patient dans sa position de vulnérabilité, laissent
rarement indifférent. De par leur orientation déjà très encline à faire preuve
d’empathie, nombreux sont les soignants à avoir osé nous avouer qu’ils dépassaient
parfois largement le cadre professionnel dans la relation au patient ou en percevaient
le danger imminent (E4, E2, E17, T5, P1, P4). Une étudiante souligne le fait que
chaque soignant n’est pas touché de la même manière vis-à-vis des mêmes situations
de soin. Elle en déduit l’importance capitale de bien se connaître et de connaître ses
limites, de prendre soin de soi pour éviter de s’exposer trop (E5). « Je suis moi-
même tombée dans le panneau… je m’étais occupée d’un enfant qui était resté
longtemps… je l’avais accompagné dans sa famille d’accueil et ben… j’avais
plus envie de travailler après. Il était plus là, j’avais plus envie de travailler
(T5) ».
Une étudiante, auparavant aide-soignante ayant travaillé plusieurs années en
maisons de retraite, explique : « … j’étais capable de prendre les gens chez moi
356