L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
reviendront, ils sont tout le temps disponibles, un peu trop (E26) ». Et, à
plusieurs reprises, on pointe le danger du doigt quant au risque encouru avec un
trop grand engagement, à savoir d’en subir des conséquences importantes : « à un
moment donné faut dire stop parce que vous allez y laisser votre santé et
votre vie privée et tout… (T15)».
Pourtant, bien géré, l’engagement a des incidences très positives en termes
d’efficacité dans le travail. Ce sont des personnes assidues, sur qui on peut compter
(E19, T15), qui sont très peu absentes (E19), régulières dans leur travail (T5), enclines
à prendre des responsabilités et à les assumer (E9) et qui s’investissent pour faire
évoluer leur pratique. Ainsi, l’investissement cognitif caractérisé par la volonté
d’acquisition de connaissances, l’intérêt pour la recherche scientifique du domaine,
les formations continues diverses dans les soins… est évoqué à de nombreuses
reprises (E5, E21, P3). La dynamique de projet et d’évolution dans laquelle se
trouvent les personnes engagées, suscite chez elles une « envie d’apprendre
(E19) », et « un appétit… avec le goût aussi de connaître, de découvrir (T1) ».
Au niveau de la dynamique d’équipe, les soignants engagés sont appréciés, car
ils savent rester positifs même si la charge de travail est très élevée (E1). Ils aiment
généralement partager avec les autres (E13) et ils font preuve d’une grande
serviabilité (E14, E22, E25) : « si tout d’un coup il faut rester une heure de plus
parce que la personne va mal… ils restent sans problème… ils se dévouent
vraiment (E25) ». Ils affichent leur solidarité concrètement en accordant leur aide le
moment venu (T3, P6). Néanmoins, cet engagement peut aussi être vécu de manière
moins positive par les collègues. En effet, il peut se révéler quelque peu culpabilisant
également pour l’équipe (P5) et, au niveau de la relation de soin, certains font
remarquer qu’une relation qui ne respecte pas la distance due à l’exercice de la
fonction, n’est plus une attitude professionnelle : « … de l’hyper-engagement, ça
j’en ai vu. Après c’était tout ce travail à faire pour rester en même temps
cordiale et professionnelle (T5) ». Les compétences du professionnel peuvent être
mises en jeu car un praticien explique que, chez ces infirmières, « leur esprit
d’analyse va être perturbé et il y a des sentiments qui prennent un pas
important sur le professionnalisme et là, forcément, on va au cla sh parce que
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