L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
(E2, T4) entre un trop peu et un trop plein : « Je pense, comme tout soignant…
j’aurais à un certain moment de la peine à déterminer la juste -limite, la juste-
distance… (E19) ». Mais, même si l’on connaît cette limite, il peut être alors difficile
d’agir en conséquence : « je pense qu’il faut savoir mettre des limites, quoi,
savoir ses limites (P9) ». Il faut par ailleurs aussi pouvoir les exprimer en osant
dire « non » (T9, E4) : « comment arriver à dire non ?... enfin, ça dépend de
chacun, moi je sais que dans mon caractère je… je sais pas dire non (E9) ».
La démarche est capitale si le soignant veut pouvoir préserver sa vie privée. Et,
sur ce point, au moins dix des personnes interrogées reconnaissent qu’il y a là une
limite à l’engagement qui doit être observée avec beaucoup de vigilance : « … ils
(les soignants) m’ont dit de me méfier, qu’il ne fallait pas que je sois tout le
temps dans le travail, qu’il fallait créer une vie sociale et pis pas avoir que
des amis au travail mais aussi un milieu social à l’extérieur… (E26) ». On
notera que ce sont surtout les étudiants qui sont conscients de cette difficulté, et ils
sont nombreux (E1, E9, E14, E21, E22, E26, E25), ainsi que certains praticiens (P3, P5),
l’ayant sans doute expérimentée, eux aussi.
Ils sont donc plusieurs à souligner l’importance de leurs activités extérieures,
ainsi que le soin de leur réseau social. Les enseignants, quant à eux, évoquent
davantage la création de ressources métacognitives, fondées sur des connaissances
scientifiques permettant de mieux appréhender les situations, tandis que les
praticiens favorisent des ressources pouvant émerger de la pratique : fonction
occupée, taux d’activité, soutien interne et externe, soin du réseau familial.
Ce rapide tour d’horizon nous permet de constater que les freins et limites à
l’engagement sont multifactoriels dans un domaine aussi vaste que les soins. Mais
sans doute la charge de travail reste-t-elle une des limites les plus importantes.
Surtout lorsqu’elle porte atteinte aux besoins essentiels des soignants pour gérer les
situations difficiles qu’ils ne manquent pas de rencontrer, comme cette infirmière à
domicile qui explique qu’il leur est maintenant parfois reproché de revenir au bureau
quand elles ont dû faire face au décès d’un patient, les supérieurs estimant qu’elles
devraient pouvoir continuer leur tournée, comme prévu (P11).
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