L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
mais qui fait également peser une importante responsabilité sur les épaules des
étudiantes, puis des soignantes. Certes, sous certains angles, l’infirmière ne
parviendra à satisfaire ces exigences qu’après plusieurs années d’exercice fondant
son expertise (Benner, 1995), mais l’étudiante doit déjà être capable d’en comprendre
le sens et de poser les prémisses d’une telle prise en charge. La hausse des exigences
en termes de réflexion et d’analyse entraîne des répercussions sur les étudiantes. Elle
est liée à une responsabilité toujours plus importante dans la pratique
professionnelle. Mais, cette responsabilité à son tour ne saurait être actualisée comme
un programme moral, même dans la dimension libératrice que défend Kant. La
responsabilité doit trouver corps dans l’expression que le sujet fait de ses choix.
« Au niveau de l’éthique professionnelle, cela signifie que quelles que
soient ses conceptions et représentations professionnelles, l’infirmière
digne de ce nom sera celle et seulement celle dont la posture, l’action,
la qualité relationnelle, les gestes quotidiens corrobore nt ces
représentations et ces conceptions » (Schindelholz, 2006, p.59).
Pourtant, dans la réalité l’infirmière est fréquemment soumise à des tensions
entre son idéal professionnel, ses convictions de ce que devrait être le soin, et les
exigences qui lui incombent en termes de charge de travail et de responsabilité.
Un autre phénomène va engager une plus grande responsabilité des infirmières
et jouer un rôle sur le développement de la profession : il s’agit de la modification en
profondeur de la société avec toutes ses répercussions. De même que les
professionnels du secteur social reconnaissent qu’ils doivent toujours davantage être
dans le registre du soin (Dubreuil, 2009), de même les infirmières doivent de plus en
plus fréquemment jouer un rôle social. L’exclusion sociale et la marginalisation sont
des phénomènes toujours plus courants. En rappelant que la santé considérée par
rapport à la norme est un état « inéluctablement précaire », Canguilhem nous
rappelle que la maladie est avant tout une épreuve existentielle vécue dans une
vulnérabilité individuelle, qui n’est autre que l’expression ontologique de la précarité
humaine (Canguilhem, 2005, p.155). Chaque patient doit être soigné et rencontré
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