L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE
être des atteintes à la motivation des soignants. Que l’on songe à la difficile
adéquation entre les buts poursuivis et les tâches à accomplir, au caractère relatif des
bénéfices à tirer de son engagement, aux possibilités très limitées de son action sur
l’environnement ou encore au caractère souvent peu visible des résultats, autant de
facteurs qui peuvent influencer négativement la motivation d’une infirmière. Ceci
d’autant que cette dernière s’engage souvent de manière très intime, avec des
attentes qui ne sont pas toujours conscientes (Chaska, 2000). En effet, à la base de la
motivation professionnelle des soins infirmiers, il y a souvent le désir altruiste de
venir en aide, de secourir. Cette motivation sincère peut néanmoins receler des buts
personnels plus ou moins conscients.
« Même en allant vers l’autre [ pour l’autre ], c’est-à-dire de façon
complètement altruiste ou simplement [ par amour ], l’individu
contribue le plus souvent à son prop re épanouissement » (Nuttin, 2000,
p.182).
On comprend dès lors qu’un désenchantement dans ce désir de « sauver », s’il
est frustrant pour l’action que souhaite avoir le soignant, est également délétère dans
son propre développement personnel. Dans le cas idéal, les possibilités d’exercice
professionnel du soignant motivé devraient correspondre à son projet de
développement personnel. Il y aurait ainsi continuité entre les deux sphères et
épanouissement pour la personne. Malheureusement, dans le contexte actuel, ce
travail qui, intrinsèquement motivé est générateur d’une grande et profonde
satisfaction, tend à devenir un moyen extrinsèque (salaire), utilisé pour pouvoir
concrétiser ses projets. Et Nuttin d’ajouter que
« le décalage entre le projet personnel et le travail concret que l’on doit
exécuter semble être le facteur essentiel dans le conflit motivation -
travail. » (Nuttin, 2000, p.197).
Et l’on retrouve ici ce conflit généré par l’idéal en deuil, abordé précédemment.
La motivation, si elle a donc un impact sur la qualité des prestations fournies
par le soignant, n’en joue pas moins un rôle déterminant sur le vécu subjectif du
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