L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
réflexion, pour rappeler au soignant l’impact que peuvent avoir ses actes mais aussi
son attitude sur le soigné, le rabaissant ou le valorisant, lui permettant de guérir ou
au contraire de dépérir… L’enjeu est grand ! (Desaulniers & Jutras, 2006).
3.3.2.1 Le « Prendre soin »
Le soin lui-même est à la source de l’exigence éthique. À l’heure actuelle, on
emploie, dans le monde des soins, l’anglicisme caring pour expliciter la relation au
patient. Sans doute ce mot est-il plus fort et plus riche sémantiquement pour
exprimer ce qu’est cette relation que la traduction française du « prendre soin ».
Tschudin en citant Meyerhoff explique que le mot de caring renferme l’idée de la
relation mère-enfant. C’est prendre soin dans le sens d’aider l’autre à grandir. Pour le
patient, ce terme aura le sens d’aider à franchir les étapes, à « grandir » dans sa
situation, c’est-à-dire d’apprendre à la gérer et à en tirer aussi un profit, autant que
possible. (Tschudin, 2002, p.5).
Confiance et respect sont des éléments absolument indispensables pour que
cette dimension du caring puisse vraiment prendre toute sa place et tout son sens.
En ce qui nous concerne, nous parlerons plus volontiers de l’expression
« prendre soin » en lieu et place de l’habituelle « prise en charge » qui véhicule la
connotation très péjorative du patient considéré comme une charge à porter.
L’expression de « prise en soin » est intéressante parce qu’elle porte en son sein les
deux interprétations : le soin au sens premier de la profession infirmière, comme acte
précis. Mais aussi le soin plus maternel et plus global.
Prendre soin du malade requiert de prendre soin de sa maladie, mais aussi de
sa personne en favorisant son autonomie, son implication dans les soins, en faisant
preuve d’empathie face à des situations personnelles parfois difficiles.
Le prendre soin dans la fonction soignante est extrêmement vaste. Il s’agit tout
autant du prendre soin face à la maladie que du soin corporel, de la toilette, de la
coiffure… Il est fréquent de voir des patients âgés et dépendants être bien soignés,
mais n’être ni peignés, ni rasés. Le prendre soin, c’est aussi consacrer quelques
minutes à un massage bienfaisant sur une peau sèche et flétrie. La notion de dignité
est très vive dans le soin à la personne âgée et les débats que celui-ci occasionne.
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