L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

DEUXIÈME PARTIE – CADRE DE RÉFÉRENCE SPÉCIFIQUE
position, dictée par la raison, sera synonyme d’engagement. Un engagement
ponctuel, sans cesse à réinitier, mais essentiel pour l’identité même du soignant.
Par ailleurs, un autre rôle non moins essentiel de la discussion réside dans
l’identité collective. En effet, des individus qui partagent le même métier et en font le
sujet de leurs discussions contribuent à le faire avancer et à développer leur identité
collective en tant que corps professionnel (Clot, 2006). Très souvent les soignants
expriment le sentiment de ne pas faire du « bon boulot », de toujours « parer au plus
pressé » et cela constitue l’une des principales sources d’insatisfaction et de
frustration dans l’exercice professionnel (De Bouvet & Sauvaige, 2005). La frustration
qui découle de l'impossibilité de mettre en œuvre sa posture axiologique, c'est-à-dire
d'agir selon les valeurs qui sont les siennes et celles de la profession, engendre un
manque de cohérence et une perte de sens dans l'activité. L’engagement, qu’il soit
professionnel ou non, se traduit dans les actes les plus anecdotiques, tel que la
discussion, la pensée ou l’action. Il se veut uni à la parole qui, elle, donne sens au
discours. Ce n’est que s’il est en cohérence avec les valeurs de l’individu que cet
engagement prend réellement son sens pour l’individu. À défaut de cette cohérence,
la perte de sens porte atteinte à l’engagement, « ultime support qui procure un
sens à l’existence dans son ensemble (…) » (Savadogo, 2008, p.60). Par-là, c’est
l’existence entière qui repose sur un engagement qui lui donne son sens et la
structure.
Il s’ensuit un sentiment de malaise, qui finit par induire un découragement et se
traduit parfois par un épuisement, un abandon ou le repli dans une attitude de
lassitude teintée d’indifférence, c’est-à-dire une attitude dans laquelle l’individu est
présent mais « fermé à la reconnaissance de l’autre pour lui -même » (Honoré,
2003, p.70.). Il s’abandonne passivement aux aléas des circonstances et tente de
s’adapter au mieux aux sollicitations du moment. Des soignants épuisés par ce
fardeau du sacerdoce professionnel implicitement attendu peuvent être tentés de se
réfugier dans cette armure protectrice qu’est l’indifférence. L’espace dialogique
permet de conserver ce sens et devient une arme de choix contre l’emmurement dans
l’indifférence.
Le mouvement réflexif actuel, que certains auteurs n’hésitent pas à targuer
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