L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
avaient des apports sur la question du « sens au travail », « dans quel sens » je
pensais ma question (T14). Dans un monde marqué par une pensée dominante
d’autonomie, il semble mal venu et inquisiteur de s’attarder à des réflexions sur des
sujets éminemment personnels comme celui du sens (T10). Mais c’est peut-être aussi
le caractère ardu de la réflexion qui la rend peu attractive, au même titre que la
philosophie pour cette enseignante : « ce qui m’inquiète… c’est que, dès que l’on
parle de philosophie, j’ai l’impression très vite les étudiants disent, non on va
pas se prendre la tête (T10) », à moins que ce ne soit en lien avec un aspect
moralisateur s’il en est, qui pourrait être dérangeant alors que l’éducation morale
n’est plus en vogue (T10). On pourrait croire, dans cette société libérale aux valeurs
multiples et multiformes, qu’il n'est pas besoin de réfléchir au sens et aux valeurs qui
l’animent. Pourtant, plusieurs professionnels l’affirment, les étudiants ont besoin de
ces réflexions (P9) : « Je pense qu’on est dans une nouvelle génération qui
s’engage vraiment en souhaitant donner du sens. Peut-être même plus
qu’avant (P2) ».
Une enseignante explique que le sens est un aspect fondamental et qu’il est du
devoir du formateur d’aider les jeunes à le construire : « (l’important) c’est pas
qu’ils terminent et puis qu’ils aient bien réussi leur fo rmation, mais c’est
qu’ils y trouvent du sens justement, donc l’engagement. Ce serait d’être avec
ces étudiants en accompagnement, en enseignant à tout moment de la relation
pédagogique pour les aider à trouver du sens dans ce qu’ils font (T13) ». La
formation est le lieu par excellence où l’on peut être « dans une dynamique de
requestionnement, d’avancée, de donner du sens (P2) », le lieu où la théorie et la
pratique s’imbriquent pour se co-construire et générer un sens commun (T4). Mais la
formation constitue également un moment privilégié dans la possibilité qu’elle offre
d’apprendre aussi à donner du sens à ce qui n’en aurait pas de prime abord (E 15).
En effet, «…toute tâche qu’une infirmière fait, elle a un sens donc déjà… si on
met pas de sens déjà aux actes primaires… comment aller plus loin (P7)» ? Il
y a une part personnelle à réaliser, qui est de soi-même donner du sens là où c’est
possible (P2). Il s’agit certainement ici d’une arme privilégiée contre la routine :
« avec des personnes qui ont des pathologies chroniques, où on ne voit pas
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