L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
2. Les deux partenaires ont des attentes réciproques qui peuvent être source de
pression, entraînant même parfois la culpabilité de ne pouvoir y répondre. Qui plus
est, la relation de soin s’inscrit dans une dimension sociale et le soin, loin d’être
uniquement modelé par le développement des connaissances et techniques
spécifiques, est aussi façonné par la compréhension sociale de la santé ainsi que
l’idéologie hédoniste dans laquelle nous sommes immergés, qui veut que le corps
soit parfait, gardé de toute trace impure et conservé dans la plus grande jeunesse
possible.
3. Le phénomène fréquent de projection dans la relation à la souffrance. Le
soignant est aux prises avec des mécanismes psychiques inconscients qui l’aident à
gérer des situations de soin difficiles et parfois confrontantes. Le refuge dans les actes
techniques et une relation courtoise mais minimale sont des stratégies fréquemment
employées. Supposé exercer son rôle dans une neutralité affective et porté par
l’altruisme, le soignant n’en demeure pas moins un être humain avec son vécu, sa
personnalité et ses limites.
4. La routine constitue l’un des dangers qui guettent la relation de soin. Il est
aisé de comprendre qu’un soignant qui voit le deux centième patient se faire opérer
de la hanche puisse le préparer à cette opération avec une certaine routine. Pourtant
la routine dans les actes professionnels ne doit pas occulter la réalité du patient qui
vit, pour sa part, certainement pour la première fois cette opération importante. Son
angoisse risque vite d’être étouffée par le déroulement opérationnel des activités
préopératoires du soignant. Le soignant risque de négliger, voire d’occulter les
inquiétudes préopératoires du patient. Ce faisant, il passe alors à côté d’une
dimension essentielle dans le projet thérapeutique.
La relation du soignant au soigné devient d’autant plus essentielle, que la prise
en soin se transforme, incluant toujours plus d’acteurs au chevet d’un même patient
et complexifiant ainsi la relation à celui-ci. La relation duelle est mise de côté au
profit d’une relation pluri-professionnelle, mais les attentes de ces différents acteurs
sont parfois en tension, ne partageant pas forcément une même vision du soin et
poursuivant des objectifs qui peuvent être radicalement différents.
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