L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE
c’est mettre en œuvre un jugement qui permet de faire le chemin entre le
« pourquoi » et le « comment » d’une situation. Cette action de jugement que l’on
porte sur une situation et les personnes qui la composent, met en scène notre propre
rapport au monde et interpelle nos valeurs.
L’une des étapes importantes dans ce processus a été l’élaboration du diagnostic
infirmier, officialisé dans la législation française en 1993 et qui constitue
« (…) l’énoncé d’un jugement clinique porté sur la réponse d’un
individu, d’une famille ou d’un groupe face à l’attention réelle ou
potentielle d’un état de santé ou d’une situation de vie. Il sert de base
aux prescriptions dont l’infirmière est responsable » (Jouteau-Neves,
2005, p.34).
Il s’agit d’un « processus de pensée basé sur une approche systématique
qui conduit au geste, aux actions infirmières. C’est un réel concept
organisateur qui influence l’ensemble de notre pratique infirmière. La
démarche de soin devient alors la toile de fond du processus diagnostique
inscrit au cœur même de notre fonction indépendante » (Jouteau-Neves, 2005,
p.35).
Pourtant dans le contexte de crise économique actuel, « l’action est souvent
privilégiée au dépens de la réflexion » (Jouteau-Neves et al. 2005, p.11) et
l’importance est souvent accordée en premier lieu aux interventions infirmières
visibles et évaluables, tant en France qu’en Suisse. Le risque que l’on voit poindre est
de rejeter ces théories de soin souvent considérées comme chronophages ou de se les
approprier de façon parcellaire et restrictive, sans prendre le temps de comprendre le
contexte même de la théorie. Un exemple de cette extraction parcellaire réside dans
l’emploi de la théorie de Virginia Henderson. Alors que cette théorie est pensée dans
une approche holistique et globale de la personne, elle est bien souvent réduite à la
simple expression d’une grille selon laquelle sont déclinés les quatorze besoins de la
personne. À la frustration des professionnels succède alors parfois le sentiment de
culpabilité.
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