L'engagement dans les soins infirmiers - Université de Rouen

QUATRIÈME PARTIE – RÉSULTATS ET ANALYSES
20.1.1 Premier entretien : premier étudiant (E18)
Le premier étudiant est en deuxième année Bachelor. Il est âgé de 22 ans et a
déjà travaillé dans le domaine des soins, étant au bénéfice d’un diplôme d’ASSC. Il
est l’un des premiers à avoir manifesté sa disponibilité, suite à notre demande
envoyée par mail à l’ensemble des étudiants pour réaliser ces entretiens. Nous
sommes frappée par la personnalité de notre interlocuteur, son degré de réflexion et
de maturité.
Né en Suisse, mais issu d’une famille qu’il qualifie de « multiculturelle », il se
dit avoir toujours été très conscient de ses privilèges au point d’avoir beaucoup
culpabilisé avec, dès le plus jeune âge, une attitude très altruiste de vouloir partager
et aider les autres : «… quand j’étais petit, je voulais jamais recevoir quelque
chose, je voulais partager, toujours je voulais aller vers les autres ».
Ses premières expérience dans les soins en Suisse n’ont pas été très
satisfaisantes et le rôle infirmier n’était, selon lui, guère mis en valeur. À ce stade, il
hésitait encore entre plusieurs professions : physiothérapeute, ergothérapeute,
éducateur… Tout lui plaisait et il était apprécié de tous. Mais c’est une expérience
dans l’humanitaire qui va finalement orienter son choix définitif vers les soins
infirmiers. Cette expérience semble avoir joué un rôle essentiel dans son devenir
professionnel. Au travers de son investissement en Inde, il découvre tout à la fois : un
sentiment d’utilité inégalé, la reconnaissance des patients et plus tard des pairs, une
confrontation à des valeurs différentes, y compris parmi les bénévoles, des
infirmières modèles qui vont lui donner envie de se lancer dans la profession, une
nouvelle dynamique de projet qui va donner sens à sa formation en soins infirmiers
ouvrant la porte sur de nouveaux projets, une autre conception des soins orientée
davantage vers l’accompagnement plutôt que vers la guérison. Enfin cette expérience
va lui faire prendre conscience de sa responsabilité de mettre en œuvre les
changements à son niveau et lui permettre d’acquérir une maturité et une
profondeur de réflexion étonnante : « … ça ne sert à rien de cracher sur le rôle,
c’est à toi de le changer… ». Il ne sera pas, comme certains étudiants, aveuglé par
une vision totalement idéaliste de l’humanitaire, mais pourra, au contraire, penser
s’y investir tout en étant bien au clair avec les limites de cette approche.
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