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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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Les valeurs collectives dans la chanson québécoise 1<br />

Gilles PERRON (Québec)<br />

Dès les débuts de la Nouvelle-France, la chanson a été une manière de témoigner<br />

de ce que vivai<strong>en</strong>t les colons dans ce pays <strong>en</strong> train de se construire. D’abord importées<br />

de France, et donc témoignant du passé, des chansons s’écriv<strong>en</strong>t peu à peu <strong>en</strong> territoire<br />

québécois : chansons de voyageurs, chansons de métiers, chansons politiques ou<br />

chansons du quotidi<strong>en</strong>, elles dis<strong>en</strong>t, dans la complainte comme dans l’humour, ce que<br />

sont les Canadi<strong>en</strong>s. Cette chanson est alors strictem<strong>en</strong>t orale, et se transmet d’un<br />

individu à un autre selon la pratique traditionnelle, se transformant au gré des<br />

déplacem<strong>en</strong>ts géographiques. La chanson québécoise, alors canadi<strong>en</strong>ne, témoigne des<br />

événem<strong>en</strong>ts historiques, elle se fait politique, elle dénonce ou rev<strong>en</strong>dique, mais elle<br />

demeure le plus souv<strong>en</strong>t éphémère, un événem<strong>en</strong>t chassant l’autre, comme le font<br />

d’ailleurs nos médias contemporains d’information. L’une des plus vieilles chansons<br />

rec<strong>en</strong>sées par les folkloristes remont<strong>en</strong>t à 1690, évoquant une bataille <strong>en</strong>tre Français et<br />

Anglais devant Québec 1 . Le point de vue adopté, celui du vainqueur français, est déjà<br />

l’affirmation d’une valeur collective : la liberté devant le conquérant anglais. Mais la<br />

première véritable chanson à portée collective dont la durée témoigne de la valeur a été<br />

écrite <strong>en</strong> 1842 (publiée <strong>en</strong> 1844), par Antoine Gérin-Lajoie : « Un Canadi<strong>en</strong> errant »,<br />

chanson d’exil, est une complainte qui exprime le drame des Patriotes vaincus et qui<br />

rappelle l’importance de leur combat pour les Canadi<strong>en</strong>s.<br />

De la Bolduc à Félix : le nous qui s’ignore<br />

D’un point de vue plus contemporain, si on fait coïncider l’histoire de la chanson<br />

avec les premiers <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts sonores, il faut s’intéresser à celle que l’on id<strong>en</strong>tifie<br />

comme notre première auteure-compositeure-interprète : Mary Travers, célébrée sous le<br />

nom de La Bolduc (ou Madame Bolduc). Naïves, aux musiques d’inspiration<br />

traditionnelles, les chansons de La Bolduc, méprisée par l’élite, seront toutefois fort<br />

populaires auprès d’un public qui y reconnaît sa misère. Elle parle du quotidi<strong>en</strong>, dans un<br />

1 Ce texte a déjà fait l'objet d'une publication dans la revue Québec français à l'automne 2007 (nº 147).<br />

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