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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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« résistance » et par conséqu<strong>en</strong>t la contradiction mémorielle se construit dans le récit de<br />

Waberi sur la dérision et la subversion sur fond d’ironie. Alors que les exig<strong>en</strong>ces du<br />

pouvoir et de ses thuriféraires sont ori<strong>en</strong>tées vers le bas, la dissid<strong>en</strong>ce mémorielle<br />

incarnée par l’opposition radicale constituée par le « quatuor subversif » s’ébauche vers<br />

le haut à travers la critique des errem<strong>en</strong>ts politiques du régime <strong>en</strong> place et de ses sous-<br />

fifres.<br />

Le pouvoir de la postcolonie, tel qu’il est décrit, se caractérise par son souci de la<br />

pér<strong>en</strong>nisation. Son seul objectif est de se perpétuer. Waïs explique ainsi que « le<br />

pouvoir est un opium, celui qui y pr<strong>en</strong>d goût n’y r<strong>en</strong>once jamais » (p. 20). Cette<br />

subversion se poursuit quand le narrateur, par la voix de Yonis, explique les méthodes<br />

propres au pouvoir post-colonial notamm<strong>en</strong>t sa prop<strong>en</strong>sion à la thèse de la conspiration<br />

et du coup d’état :<br />

[…] Chaque fois que le chef de l’Etat a besoin de consolider la communauté autour<br />

de lui, eh bi<strong>en</strong>, il lui faut trouver des <strong>en</strong>nemis à l’extérieur, des empêcheurs-derégner-tranquille<br />

(p. 65).<br />

Non cont<strong>en</strong>t de brandir la thèse du complot, il finit par infantiliser le peuple, à lui<br />

ôter toute capacité de discernem<strong>en</strong>t. Ainsi, Dilleyta <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>t-il à considérer « le pouvoir<br />

actuel et sa branche répressive [comme] l’emblème du père détestable parce que<br />

Fouettard » (p. 87).<br />

Si les moy<strong>en</strong>s du pouvoir post-colonial sont nombreux, on peut au demeurant <strong>en</strong><br />

citer les plus pernicieux tels la conquête de l’espace public dont le but ultime est de<br />

museler la mémoire, de la bâillonner. L’éditorialiste est à cet effet le symbole du<br />

mainti<strong>en</strong> de l’hégémonie par l’écriture même s’il est vrai que l’on peut être sceptique<br />

quant à la qualité et au professionnalisme d’une certaine presse post-coloniale. Ainsi, ne<br />

peut-on que rire <strong>en</strong> coin devant cette méprise du journaliste c<strong>en</strong>sé fournir au lecteur des<br />

informations vraies. Il n’a de cesse de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> effet « Tchicaya U’ Tamsi [poète<br />

congolais] pour un judoka bulgare » (p. 12). Mémoire contre mémoire, lutte <strong>en</strong>tre la<br />

mémoire des uns et celle des autres sur un ton épique certes, mais cela n’exclut pas que<br />

la mémoire des intellectuels se joue de celle des pseudo-intellectuels, de ceux qui ont<br />

pactisé avec l’<strong>en</strong>nemi. Et même si la première mémoire est « occultée et prise <strong>en</strong> otage<br />

par les forces qui déti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la réalité du pouvoir » (p. 35), celle-là finit toujours par<br />

triompher de celle-ci.<br />

Au total, le combat des mémoires semble s’expliquer par une situation<br />

catastrophique de la postcolonie. Dans Balbala, le quatuor subversif sonde le pouvoir de<br />

l’intérieur, tel un ver dans un fruit, pour <strong>en</strong> montrer les paradoxes. En témoigne, ce<br />

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