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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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toujours att<strong>en</strong>du le mari ou le fils, et le prés<strong>en</strong>t de celle qui att<strong>en</strong>d l’arrivée de sa fille<br />

« la nuit allait tomber, c’était l’heure de ma visite. Elle devait m’att<strong>en</strong>dre, assise sous la<br />

lumière jaune de son lampadaire » 22 , et le futur de celle qui à son tour att<strong>en</strong>dra aussi la<br />

fin « Ainsi c’est moi, maint<strong>en</strong>ant, qui suis assise dans ton fauteuil, <strong>en</strong>tre tes murs et tes<br />

souv<strong>en</strong>irs » 23 . La femme assise dans son fauteuil va bouleverser sa conception du temps<br />

et de la réalité maternelle « voici que je r<strong>en</strong>contrais son double et que la vieillesse,<br />

soudain, se mettait soudain à ressembler à la mort » 24 . Sa mère, cet être premier qu’elle<br />

avait toujours aimé et qui lui avait donné la vie s’<strong>en</strong>gageait sur les voies de l’éternité.<br />

Assise à son tour dans le fauteuil maternel, elle refera comme Ernaux le retour au temps<br />

du passé pour récupérer la femme qu’elle avait été.<br />

Écrire pour récupérer la femme d’antan<br />

Le processus d’écriture s’avère nécessaire pour retrouver la mère d’antan. En<br />

1979, Marie Chaix refermait avec L’âge du t<strong>en</strong>dre une trilogie autobiographique qui<br />

avait débuté <strong>en</strong> 1974 avec Les lauriers du lac de Constance, où elle relatait la<br />

collaboration avec le parti fasciste le PPF p<strong>en</strong>dant l’Occupation de celui qu’elle ne<br />

pouvaitt presque pas nommer, Albert B., son père. Son deuxième livre, Les sil<strong>en</strong>ces ou<br />

la vie d’une femme, est un chant d’amour à sa mère décédée à la suite d’une longue<br />

hémiplégie. P<strong>en</strong>dant que sa mère dort, p<strong>en</strong>dant que sa belle dormeuse att<strong>en</strong>d une fin<br />

inévitable, p<strong>en</strong>dant que la peur de ne plus la voir dormir l’<strong>en</strong>vahit à chaque nouvelle<br />

visite dans sa chambre d’hôpital, Marie Chaix remémore les événem<strong>en</strong>ts qui ont marqué<br />

la vie de ses par<strong>en</strong>ts : l’emprisonnem<strong>en</strong>t de son père p<strong>en</strong>dant 8 ans à Fresnes pour<br />

collaboration, l’att<strong>en</strong>te pati<strong>en</strong>te de celle qui l’a aimé, le retour du père, cet inconnu, la<br />

mort de ses deux frères, la longue maladie de sa mère... Afin de mieux compr<strong>en</strong>dre la<br />

personnalité de sa mère, elle va remonter aux sources de la jeunesse de celle qu’elle a<br />

tant aimé parce que, nous dit la narratrice, « Je veux retrouver la femme d’autrefois [...]<br />

Je ne veux ni l’absoudre ni l’embellir mais lui crier, à travers le néant qui s’étire <strong>en</strong>tre<br />

nous, qu’elle peut partir sereine et me laisser sa vie <strong>en</strong> héritage » 25 . Et p<strong>en</strong>dant qu’elle<br />

att<strong>en</strong>d une fin qui approche, la narratrice récupère la femme d’autrefois, celle qui, un<br />

jour, avait aimé. Sa mère, Alice « était faite pour être reine et le destin s’était trompé » 26<br />

22<br />

CHAIX, M., Les sil<strong>en</strong>ces ou la vie d’une femme, op. cit., p. 13.<br />

23<br />

Ibid., p. 31.<br />

24<br />

Ibid., p. 14.<br />

25<br />

CHAIX, M. (1976), Les sil<strong>en</strong>ces ou la vie d’une femme, Paris, Seuil, p. 46.<br />

26<br />

Ibid., p. 34.<br />

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