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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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héroïne p<strong>en</strong>dant le temps de la tragédie n'est que le chant déclamatoire de la déchéance<br />

du personnage maternel:<br />

Ah! Que de la patrie il soit , s'il le veut, le père;<br />

Mais qu'il songe un peu plus qu'Agrippine est sa mère.<br />

(...) Et moi Qui sur le trône ai suivi mes ancêtres,<br />

Moi, fille, femme, soeur et mère de vos maîtres! (v. 47-48 ; 155-6)<br />

Bi<strong>en</strong> que les deux auteurs s'éloign<strong>en</strong>t dans leur façon de faire, ils s'achemin<strong>en</strong>t<br />

néanmoins vers un même point lorsqu'ils mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> scène le personnage maternel :<br />

l'avertissem<strong>en</strong>t des dangers de la Maternité. L'exemple de la figure maternelle qui<br />

sacrifie la Loi de la Nature à sa passion de l'Etat <strong>en</strong> acceptant tous les compromis de<br />

l'ambition, jusqu'au plus monstrueux, le parricide, constitue un véritable fléau mais<br />

lorsqu'elle fait de sa condition monstrueuse une ligne de conduite à suivre, elle<br />

matérialise <strong>en</strong> elle tous les dangers. Source de vie, elle devi<strong>en</strong>t source de mort et le<br />

principal ag<strong>en</strong>t dans l'édification d'un nouveau règne marqué par le Désordre d'un<br />

monde contre-nature. Cléopâtre fait de la v<strong>en</strong>geance d'une mère qui a été meurtrie par la<br />

trahison de son mari, un devoir familial auquel doiv<strong>en</strong>t répondre les deux princes.<br />

L'amour filial serait susceptible de les arracher à leur vertu et serait suffisant aux yeux<br />

de cette mère pour les faire plonger sous l'étiquette de la conduite criminelle. Elle trouve<br />

dans l'amour maternel la manière de légitimer sa conduite de jadis aux yeux de ses fils.<br />

C'est Cléopâtre 9 et ce sera plus tard Agrippine, qui rev<strong>en</strong>dique son action dans le passé<br />

au nom de l'"amour" <strong>en</strong>vers son fils :<br />

Je n'ai qu'un fils. O ciel, qui m'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds aujourd'hui,<br />

T'ai-je fait quelques voeux qui ne fuss<strong>en</strong>t pour lui?<br />

J'ai fait ce que j'ai pu : vous régnez, c'est assez. (v.1267-68 ; 1272)<br />

Dans un monde dominé par l'abs<strong>en</strong>ce de légitimité pris dans le sillage de<br />

l'Id<strong>en</strong>tité, la monstruosité maternelle se répand dans un univers où la raison ne peut plus<br />

distinguer le bi<strong>en</strong> du mal. Le personnage maternel monstrueux cornéli<strong>en</strong> semble<br />

correspondre à une réflexion sur les relations du pouvoir et de la nature ainsi qu'à une<br />

mise <strong>en</strong> garde <strong>en</strong>vers un problème qui a toujours hanté le grand Corneille, la légitimité<br />

de l'Etat. La manipulation de la Nature par un personnage aussi déterminant que la Mère<br />

constitue au sein de la dramaturgie cornéli<strong>en</strong>ne l'un des pires fléaux pour l'univers<br />

9 Mais soit crime ou justice, il est certain, mes fils,<br />

Que mon amour pour vous fît tout ce que je fis (II, 3, 561-562).<br />

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